L’ôde à l’école

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Le racisme et l’antisémitisme au quotidien sont les plus difficiles à combattre, et souvent ceux qui font le plus de mal. Ce racisme et cet antisémitisme ne revendiquent aucune idéologie, leur terreau est l’ignorance, la méchanceté et la bêtise. Ils reposent sur des poncifs, des fantasmes et de vieilles antiennes régulièrement remises au goût du jour au gré d’événements internationaux ou de crises économiques.

Ce racisme et cet antisémitisme sont la honte de nos sociétés prétendument évoluées ; ils sont notre échec. Les combattre est une nécessité, les prévenir un devoir. Comme pour tous les délits, et peut-être davantage encore, la répression contre le racisme et l’antisémitisme ne peut pas être efficace sans prévention préalable. Et la prévention porte en la matière un nom : l’éducation. Dans les premiers jours du procès de Klaus Barbie, le sinistre Robert Faurisson distribuait ses tracts négationnistes devant le palais de justice de Lyon, affirmant que les chambres à gaz n’avaient pas existé et que ce procès était une pantalonnade.

Puis les anciens déportés sont venus témoigner. Ils sont venus dire à la cour, et au-delà au monde, ce qu’ils avaient vu de leurs propres yeux. Ils sont venus dire, avec des mots simples, ces colonnes de femmes et d’enfants entrant nus dans les chambres à gaz, les cris, l’odeur de chair brûlée des crématoires et la fumée épaisse qui s’en échappait. Dès que ces témoins sont apparus et qu’ils ont parlé, Faurisson a disparu. Pas parce qu’il en avait peur, mais parce qu’il savait que, face à eux, sa haine antisémite était impuissante. L’obscurantisme ne résiste pas à la lumière. Les milliers de jeunes et de moins jeunes qui ont assisté au procès Barbie et qui ont vu et entendu ces rescapés des camps sont immunisés à vie contre le poison du négationnisme. Tel est le rôle, à grande échelle, de l’éducation, et en premier lieu de l’école de la République. C’est en leur apprenant la différence dès leur plus jeune âge qu’on immunisera nos enfants contre le racisme et l’antisémitisme. Pourquoi la plupart d’entre nous ne savent-ils pas comment se comporter face à une personne handicapée ? Parce qu’on ne nous l’a pas ap pris, et qu’il n’y avait pas d’enfants handicapés sur les bancs de nos écoles. « Si tu diffères de moi, loin de me léser, tu m’enrichis », a écrit Saint-Exupéry. Voilà ce qui doit être enseigné sans relâche à nos enfants dès leur entrée dans le système scolaire. Les moyens ne manquent pas, pour peu qu’on en ait la volonté. Il n’est plus question d’accepter comme une fatalité que subsistent dans notre carte scolaire des « territoires perdus de la République ». L’école, facteur d’intégration et d’émancipation, doit être la même pour tous, en tout lieu, à la ville comme à la campagne, dans les « beaux quartiers » comme dans les « cités ».

Chacun doit retrouver confiance dans notre système scolaire : parents, enfants et enseignants. Aux parents, il doit être dit haut et fort que ce n’est pas à eux de choisir les matières enseignées ou la façon dont elles doivent l’être. Les élèves doivent, pour leur part, être assurés de la réalité de l’égalité des chances, quels que soient leur nom ou leur lieu de résidence. Quant aux enseignants, ils doivent être formés et aidés pour être les artisans de l’intégration par l’école. La Licra dévoilera dans les prochaines semaines ses propositions pour une France fraternelle, à l’attention des candidats à la présidence de la République. Ces propositions traiteront notamment du thème de l’éducation. Parce que c’est à l’école que se construit la France de demain, et que c’est aujourd’hui qu’il nous appartient de déterminer à quoi nous voulons qu’elle ressemble… |

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