Le FN reste le FN

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POLITIQUE – C’est donc pour achever la dédiabolisation du Front National que Jean-Marie Le Pen en a été exclu.

Par cette décision hautement symbolique Marine Le Pen voudrait en finir avec le racisme et l’antisémitisme qui colle aux basques du parti frontiste comme la misère sur le pauvre monde. Voilà le vieux grognard victime de son obsession clanique. De fait, aucun autre président que sa fille n’aurait osé prendre une telle décision.

Marine Le Pen commet cependant une erreur si elle croit qu’il suffira de se débarrasser de son père pour conférer au FN la respectabilité qu’il n’a jamais eu. Les urnes confèrent au mieux la légitimité, pas la respectabilité. Ne lui en déplaise, avec ou sans son père, le Front National demeure ce qu’il a toujours été, un parti d’extrême droite, fondé entre autres par un ancien membre de la Waffen SS (Léon Gaultier), un ancien membre de la division SS Charlemagne (Pierre Bousquet), un ancien milicien condamné pour collaboration avec les nazis (François Brigneau), et un père du négationnisme (François Duprat).

Depuis plus de 40 ans, on ose nous présenter comme patriote, un parti cofondé par des salauds qui ont trahi la France. Les électeurs du Front National s’en moquent parait-il. Eh bien ils ont tort.

Si elle était sincère, Marine Le Pen aurait été inspirée de rompre avec ces pairs et pas qu’avec son père. Et tant qu’à s’attaquer au sujet, c’est toute la nébuleuse radicale qui tient encore une place prépondérante au sein du Front National qu’elle aurait dû exclure. Mais cela elle ne le veut ni le peut, sauf à faire imploser le parti. Tous les membres du Front National ne sont pas racistes et antisémites, mais tous les racistes et antisémites y sont les bienvenus. Marine Le Pen en a besoin. La seule différence avec son père, c’est qu’ils sont désormais invités à se faire discrets. C’est parce qu’il ne l’est pas et ne le sera jamais, surtout sur ce thème, que « le vieux » a été viré comme un vulgaire élu local qui s’est lâché sur Twitter.

Pour autant Marine Le Pen n’a rien réglé. Si elle veut vraiment rompre avec le parti d’extrême droite que lui a légué son père, elle n’a qu’une solution : le quitter et en fonder un autre, sans les identitaires, les intégristes, les négationnistes et autres nostalgiques du régime de Vichy. Avec son arbre généalogique, il ne suffit pas d’élaguer le FN, ce sont les racines qui sont pourries. L’opération « bonneteau » annoncée, consistant à changer le nom du parti après en avoir viré la relique, ne trompera que ceux qui le voudront bien. Ce n’est pas à la famille Le Pen qu’on apprendra que ce n’est pas en changeant de nom qu’on se défait de son héritage. Tant qu’à changer de nom, si Marine Le Pen est désormais heurtée par le racisme et l’antisémitisme au point de répudier le fondateur de la marque, qu’elle ait le courage et l’honnêteté politique de déposer la sienne. Si elle est en mal d’inspiration, on pourra lui suggérer « Les Démocrates ». Elle pourra alors faire tous les procès qu’elle veut à ceux qui auront l’audace de qualifier son parti d’extrême droite.

 

24.08.2015

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1 Comment

  1. Je pense que MLP avance masquée, parce qu’elle a l’ambition de se faire élire. Au fond, elle épouse les principes fondateurs du FN, cet élitisme racial et fondamentaliste. Le programme est confus et simpliste, et apparaît plutôt comme un moyen qu’une fin. Je tente sur mon blog un contre-argumentaire systématique.
    http://www.fablesniaises.com

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