Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, était interrogée ce matin sur RMC par le journaliste Jean-Jacques Bourdin à propos de la création de collections de vêtements dédiées aux femmes de religion musulmane. Chacun peut parfaitement comprendre les inquiétudes de la Ministre liées aux droits des femmes, au risque d’enfermement du corps de celles-ci et à la récupération de ce phénomène par les partisans d’un islam politique et radical.
Pourtant, la comparaison énoncée par Laurence Rossignol entre les femmes qui choisissent le voile et « des nègres américains qui étaient pour l’esclavage » est déplacée, profondément choquante et serine un air malsain.
L’utilisation du mot « nègre », sans précaution, est chargée du poids de l’Histoire et véhicule, dans la bouche d’un membre du Gouvernement, une charge symbolique forte de nature à blesser, une fois encore. Surtout, une telle comparaison entre port du voile et esclavage est pour le moins incongrue et incompréhensible. Elle contribue même à entretenir l’idée que les femmes et les « noirs » seraient nécessairement victimes d’eux-mêmes et en partie responsable de l’état de tutelle dans lequel on voudrait les enfermer.
La parole publique, en l’espèce celle des membres du Gouvernement, devrait s’exercer avec davantage de discernement et d’exemplarité pour éviter d’ajouter du désordre aux tensions fortes qui agitent la société française.