Etre à la hauteur

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Notre pays est encore sonné par les attaques terroristes qui viennent de le frapper durement, une fois de plus. Le doute s’installe dans l’opinion quant aux réponses qu’il faut leur apporter. Dans l’épreuve, la République a montré à travers l’Histoire sa capacité à trouver l’énergie et les moyens nécessaires à sa défense et à sa survie.

A l’épreuve du terrorisme, la République n’est pas démunie, à condition toutefois qu’elle se hisse au niveau d’exigence imposé par les circonstances et qu’elle ne craigne pas de s’adapter à des nécessités nouvelles. Et c’est une vieille association comme la LICRA, née de la montée des périls, éprouvée par les combats contre la barbarie et la haine, viscéralement attachée à nos libertés, qui vous le dit aujourd’hui : avoir la main tremblante face au terrorisme, c’est lui offrir la possibilité de réussir.

La situation exige des décisions exceptionnelles et l’angoisse permanente de sortir de l’Etat de droit ne doit pas nous paralyser. La France figure au rang des plus grandes démocraties du monde. Les contre-pouvoirs existent. Ils sont nombreux et fonctionnent bien.

Pour permettre à la République de délivrer une réponse implacable à ceux qui veulent l’abattre, deux écueils sont à éviter : la tétanie et la démagogie.

La tétanie, c’est considérer que notre droit est immuable et que, abrités derrière la ligne Maginot des mesures administratives prévues par l’état d’urgence, nous parviendrons à vaincre Daesh. Qui peut croire sérieusement que l’assignation à résidence des personnes « de retour d’un théâtre d’opérations à l’étranger de groupements terroristes» ou le contrôle judiciaire avec un bracelet électronique sont des mesures qui font trembler les terroristes ?

La tétanie c’est aussi la culture de l’excuse qui consiste à transformer, même inconsciemment, les bourreaux en victimes. Les terroristes ne sont pas les nouveaux damnés de la terre et vouloir expliquer que les discriminations, les échecs de la République en matière d’intégration, son passé colonial seraient la cause principale de nos malheurs est faux, irresponsable et dangereux.

La démagogie, c’est alimenter par électoralisme un climat de suspicion et d’hystérisation collective. C’est prospérer sur le business de la peur en proposant des remèdes souvent pires que le mal. Vouloir créer des camps d’internement préventifs pour tous les « fichés S » est non seulement impossible mais surtout inefficace. Guantanamo demeure encore aujourd’hui pour la démocratie américaine une plaie béante. Et puis rassembler au même endroit des individus qui jusque-là s’ignoraient mutuellement mais qui poursuivent le même objectif, c’est organiser nous-mêmes et à leur place l’assemblée générale des amis de Daesh en France.

Il existe une voie, sans doute étroite, entre une tétanie paralysante et une démagogie aveugle. Celle de la lucidité, de la fermeté et du sang-froid. Ceux qui nous attaquent sont des traîtres à la Nation. Ils doivent donc être traités comme tels.

Un exemple. Le rêve du radicalisé, c’est de rejoindre Daesh. A regarder la liste des terroristes qui ont frappé notre pays, on mesure qu’ils ont quasiment tous voulu rejoindre les zones de combats de l’islamisme radical. Certains y sont parvenus. D’autres en ont été empêchés avant d’atteindre leur but. De retour dans notre pays, leur rêve est devenu notre cauchemar. Face à cette situation, plusieurs évidences sont frappées au coin du bon sens. Plus que de les empêcher d’aller en Syrie, et le cas échéant de mourir sous des bombes de la coalition internationale, le plus important est d’imaginer le bouclier qui nous protégera de leur retour en France et de leurs velléités terroristes.

Si ces individus, une fois formés en Syrie, ont la volonté de revenir, un châtiment exemplaire doit les attendre au moment même où ils posent le pied sur le territoire national. Notre droit doit nous permettre cette fermeté. Nos forces de l’ordre comme nos magistrats nous le demandent. Le fait de passer à l’ennemi à l’occasion d’une guerre, même non conventionnelle, porte un nom : c’est une trahison qui doit appeler une sanction lourde, immédiate et durable.

Et si la loi ne permet pas d’incriminer ces nouveaux modes d’action, alors il faut la changer et la faire évoluer vite pour mettre nos ennemis hors d’état de nuire. Il n’y a ni honte ni culpabilité à éprouver mais simplement la nécessité de faire confiance à nos institutions et à nos contre-pouvoirs, pour fixer la limite de ce qui acceptable et de ce qui ne l’est pas.

Nos dirigeants, ou ceux qui aspirent à l’être, ont un devoir historique : celui de vaincre Daesh. Mais pour y parvenir, il est urgent de s’extraire de la misérable écume politicienne et grégaire à laquelle nous assistons. Seuls les extrêmes profitent à plein régime des chicayas, des états d’âmes et des divisions pour vendre leur camelote.

Nous sommes en droit d’attendre de nos élus qu’ils soient à la hauteur du péril qui nous menace. Qu’à défaut d’unité nationale, un consensus émerge rapidement dans la lutte antiterroriste autour de notre dénominateur commun : la République. 

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