Je l’avoue, j’avais des préjugés à l’égard de Marine Le Pen. Elle a quand même applaudi toute son enfance, son adolescence et même sa vie de jeune adulte aux horreurs racistes et antisémites de papa sur les chambres à gaz, l’Occupation, les Arabes et les homosexuels. Elle s’est rendue, encore récemment, à des bals autrichiens organisés par des groupuscules notoirement néonazis. Et elle est tout de même à la tête d’un parti notamment fondé par des vétérans qui, entre 1940 et 1945, avaient choisi l’uniforme nazi et pris les armes contre la France. De ce lourd passé, elle n’a jamais voulu faire table rase tout comme de l’héritage de Papa dont elle a l’usufruit avec sa nièce.
Mais de tout cela faisons litière car nous savons désormais que Marine Le Pen adore les hortensias. Ca change tout ! Elle a la main verte et adore cette terre qui, pour elle, c’est certain, ne ment pas. Je ne la regarderai plus jamais du même oeil. Grâce à l’émission « Ambition intime » animée par Karine Le Marchand, les Français ont pu toucher du doigt la vérité profonde de la patronne du Front National. Que peuvent bien peser le terrible cortège des dérapages de son père, la filiation historique qu’elle entretient avec un courant politique qui nous a conduit au désastre et le flot de haine charrié par le Front National durant des années, au regard du fait que Marine Le Pen aime se mettre une bonne race avec ses potes et que son père était présent à la maternité le jour de sa naissance ?
Trêve de sarcasmes. Marine Le Pen profite d’un système médiatique qui a perdu la raison. Tout comme les autres invités de cette émission effroyable. Les vrais responsables de cet effondrement moral, ce sont les producteurs de ce type d’émission et de ces journalistes qui sombrent, en minaudant, dans le racolage le plus vil et le voyeurisme le plus détestable. Karine Le Marchand aurait pu choisir de recevoir ses invités dans un jacuzzi ou dans leur salle de bain. Tellement plus intime encore. Et s’il le faut, on ira les filmer sur le trône.
Pour faire de l’audience, certains seraient prêts à nous montrer des vidéos inédites du Fürher faisant des papouilles à son berger allemand ou s’allongeant dans l’herbe avec Eva Braun, histoire de montrer que derrière Hitler, Adolf n’était jamais très loin et que le plus grand criminel que la terre ait jamais porté était en fait un grand sentimental. Audimat garanti.
La vie politique a perdu toutes ses pudeurs. Nos représentants, élus du suffrage universel, qui détiennent une part importante de la souveraineté nationale, ne résistent pas à l’addiction créé par certains médias leur promettant amour, gloire et notoriété. Pour un homme politique coincé ou à l’image raide, quelle aubaine de déballer ses premiers émois en prime time histoire de faire chavirer la ménagère.
Pour Marine Le Pen, en quête de dédiabolisation, quelle occasion d’étaler ses photos de famille et les souffrances d’une enfance difficile – sur ce dernier point on ne peut que la croire – pour braconner l’électeur entre le fromage et le dessert. Le people-isme est une plaie et une insulte à l’intelligence des citoyens. L’abêtissement des masses a toujours été la première marche vers le populisme.
Bonjour,
je découvre votre tribune par le biais d’une amie. Si je suis très largement d’accord avec vous (présent chez des amis le soir de la diffusion, j’ai découvert avec stupéfaction le minaudage d’un Nicolas Sarkozy voulant se montrer sensible et décontracté… et je n’ai pas tenu plus de dix minutes) je me permets de commenter vos remarques sur Hitler (dans « Führer », le h est avant le -r) :
En fait, le « peopolisme » en prime-time est bien loin d’être une invention des producteurs tv du XXIe siècle : le ministère de la propagande de l’abominable Goebbels avait tourné des kilomètres de bobine montrant le dictateur dans sa résidence de Berchtesgaden en compagnie de son chien et de son entourage, ainsi que caressant des jolies têtes (blondes !) d’enfants.
Merci pour votre action indispensable et bon courage à la LICRA en ces temps qui me paraissent bien obscurs.
Didier