Les discriminations à l’embauche sont un fléau. Les candidats à la présidence de la République seraient bien inspirés de s’en préoccuper davantage. Les résultats du « testing », réalisé à la demande du Gouvernement auprès de 43 entreprises et correspondant à 1000 offres d’emploi, sont « accablants » selon la Ministre du Travail, Myriam El Khomri. Le phénomène n’est certes pas nouveau mais il risque de de proliférer dans notre pays si la société ne prend pas ce sujet à bras le corps.
La discrimination au travail commence bien avant le premier entretien d’embauche. Elle frappe les jeunes dès le stage en milieu professionnel requis pour les élèves de collège. Un gamin à la recherche d’une entreprise mais dont le prénom et le patronyme donneraient des boutons à Robert Ménard et Eric Zemmour découvre cette galère qui, malheureusement, ne fait que débuter pour lui.
Par la suite, au lycée, chacun sait que venir de tel ou tel établissement de banlieue est souvent un bagage lourd à porter. Les portes des voies « royales » de l’enseignement supérieur sont étroites pour les personnes issues de l’immigration. Enfin, l’arrivée sur le marché du travail finit de bercer d’illusions ceux, qui, malgré les épreuves, sont parvenus jusqu’au diplôme. S’appeler Mouloud ou Fatima, venir de Drancy ou de Vaulx-en-Velin, qu’on l’admette ou non, est un handicap majeur pour accéder à un emploi. Et une fois un contrat de travail décroché, la progression de carrière est très largement freinée par la persistance d’inégalités qui viennent s’ajouter à celles liées au genre.
La responsabilité de ce désastre est collective. La réponse, urgente, doit l’être également. L’Etat, l’Education Nationale, les organisations syndicales et patronales, les associations ont un défi à relever : celui de mettre fin à une profonde injustice politique, sociale, culturelle et économique, source de frustration et de ressentiment. Une prise de conscience est à l’œuvre mais nous devons aller plus loin et surtout plus vite.
Ce qui est en jeu, c’est bien davantage que la seule question de trouver un travail. Etre embauché fait sauter beaucoup de verrous. C’est la porte d’accès au logement, au crédit, à un niveau de vie meilleur, à la culture, à une intégration sociale plus forte et à un accomplissement de soi au sein de la communauté nationale.
Des propositions fortes existent. La LICRA les porte depuis de nombreuses années. Intégrer au bilan social des entreprises un bilan antidiscriminations, conditionner l’accès des marchés publics aux seules entreprises qui produisent ce bilan et en écartant réellement, comme c’est la loi, celles condamnées pour des pratiques discriminatoires. Mieux former les DRH à ces problématiques, aider les cadres à « manager » la diversité et construire des équipes qui ressemblent à la société, accompagner les candidats à mieux intégrer les codes du monde économique, de l’école à l’université. Les chantiers sont nombreux. Les idées ne manquent pas. Le moment est venu de passer aux actes et de généraliser les bonnes pratiques que la LICRA développe auprès des nombreuses entreprises qu’elle accompagne et qui ont pris conscience de la gravité de la situation.
J’ai fait deux stages mais, bien qu’européenne, je n’ai jamais trouvé d’emploi dans ma branche (comptabilité) : handicapée et sans expérience professionnelle, j’ai eu beau postuler je ne sais combien de fois, toujours revenait, pour le peu de réponses à mon courrier : avez-vous de l’expérience… Vous devinez la suite… Je me suis ruinée la santé dans un travail qui n’était pas pour moi. Pourtant je suis blanche, j’ai un prénom bien français, quoique mon nom ne laissé pas deviner que j’ai des ascendances multiples Intra-européennes et de milieux sociaux très divers… Ce qui n’empêche pas que je me sois retrouvée en invalidité pendant plus de 22 ans faute de trouver un travail adapté à mon état de santé… Imaginez l’effet dévastateur sur un jeune qui, en plus, est en butteam au racisme dit « ordinaire » lié au nom, au.prénom , à la religion ou à la couleur de la peau, parfois tout à la fois. ? Voilà comment on fabrique, de toutes pièces, des jeunes gens prêts à n’importe quoi, mais vraiment n’importe quoi…
Et si on commençait tout bêtement par le CV anonyme ????
Je suis employeur, et comme rien ne bouge je vais l’appliquer de moi-même en demandant aux candidats de mettre ni nom ni photo.