Le « Grand Remplacement », cette grande imposture

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A l’approche des élections présidentielles et législatives, l’extrême-droite fourbit ses armes et exhibe fièrement son nouveau mantra : celui du « Grand Remplacement ». Dernier ralliement en date : celui de Nicolas Dupont-Aignan, député et candidat à la présidence de la République.

Il s’agit de cette théorie selon laquelle la « race blanche » serait en voie de disparition dans notre pays sous l’effet d’une invasion arabo-musulmane larvée et animée par le dessein dissimulé de coloniser la France. L’arme sourde utilisée par ces « envahisseurs » putatifs, serait l’arme démographique, la domination par le nombre et la fécondité. Prélude, selon les défenseurs de cette thèse, à l’invasion culturelle, religieuse et économique. 

Pour gagner en crédibilité, convaincre et tenter d’échapper à un procès en racisme, les tenants de cette submersion qui s’abattrait sur notre pays utilisent tous les artifices du mensonge et de la dissimulation.

L’instrumentalisation de l’Histoire

Tout d’abord, il s’agit pour eux de présenter le « Grand Remplacement » comme une donnée historique parée de tous les atours d’un savoir scientifique. On lui colle des majuscules pour lui donner de l’épaisseur comme on le fait pour désigner la Renaissance, l’Occupation ou encore le Néolithique. Le décor est planté.

Il s’agit ensuite de donner de la vraisemblance, de la crédibilité et de la causalité en reliant ce prétendu phénomène au passé et à des événements dont il ne serait que le dernier avatar. La rhétorique du « Grand Remplacement » se berce ainsi de l’écho permanent qu’elle trouve à exhumer les grandes invasions arabo-musulmanes du Haut Moyen-Age et à invoquer Charles Martel. 

Mais la théorie « remplaciste », même maladroitement grimée en événement historique, ne serait rien sans deux leviers essentiels à son affermissement et destinés à faire peur: le fantasme de l’extinction et la prophétisation de la guerre civile.

« Extinction de la race » et guerre civile

Telles certaines espèces animales, la « race blanche » serait une « race » en voie de disparition qui va devoir lutter pour ne pas mourir. Comme l’a rappelé l’historien Emmanuel Debono, des arguments de cette nature ne sont pas nouveaux et Renaud Camus, théoricien autoproclamé du « Grand Remplacement » ne serait rien sans les vieilles antiennes racialistes de Maurice Bardèche, pape de l’extrême-droite et du négationnisme, qui écrivait, en pleine décolonisation un texte sur le sujet intitulé « Le racisme, cet inconnu » (sic !) : «  la race blanche ne luttera plus pour sa prédominance économique ou politique, elle luttera pour sa survie biologique. (…) Demain, ce ne sont plus les prolétaires et les capitalistes qui se disputeront les richesses du monde, ce sont les Blancs, prolétaires et capitalistes unis, qui auront à se défendre, eux, race minoritaire, contre l’invasion planétaire. »

A la peur de mourir s’adjoint donc immédiatement la nécessité de se battre pour faire obstacle au « Grand Remplacement » qui serait à l’œuvre. La cohorte des Camus, Zemmour et consorts n’en finit plus alors d’écumer de rage en invoquant une colonisation inversée et les perspectives, inévitables, d’une nouvelle guerre d’Algérie qui se déroulerait, à plus ou moins long terme, sur le sol de la métropole. Au besoin, comme Robert Ménard le fait quotidiennement à Béziers, on instrumentalise, avec parfois un certain succès, la blessure des Pieds-Noirs, des rapatriés et des harkis, pour faire de nouveaux adeptes. 

Une imposture raciste 

Mais le « Grand Remplacement » n’échappe pas à la réalité des faits : c’est une grande imposture intrinsèquement raciste. Derrière elle, il y a l’idée que la France serait essentiellement, historiquement et même biologiquement blanche et monochrome. Il y a cette volonté permanente d’assigner les populations issues de l’immigration à une identité de sous-citoyen de seconde zone et numérotant – pour combien de temps encore ! – les 2ème, 3ème, 4ème générations venues notamment d’Afrique du Nord. Il y a surtout la revendication, si chère à l’extrême-droite, de lier la nationalité à la couleur de peau, voire à la religion. Il y a enfin la haine du métissage et du multiculturalisme. 

De tout cela, nous devons prendre conscience et ne pas céder un mètre de terrain à une idéologie rance sur laquelle, il faut le dire aussi, prospèrent les « Indigènes de la République » et leurs accolytes qui sécrètent, en miroir, le différentialisme, l’ethnicisation de la société et les fantasmes du retour de l’Etat colonial. 

Au final, les théoriciens du « Grand Remplacement » n’aiment pas la France et s’acharnent à vouloir nier, comme des négationnistes et des falsificateurs, ce qui fait la grandeur de notre pays et la force des valeurs universelles qu’il a proclamées en 1789. Ils réécrivent notre Histoire, se livrent au blanchiment d’un passé mythifié et délirant pour tenter de nous imposer un avenir de division. Le moment est venu de combattre sans faiblesse ces nouveaux visages de l’Anti-France. 

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