Pétain voterait Le Pen, et vous ?

Facebooktwittergoogle_plusredditpinterestlinkedinmail

Marine Le Pen et son bras droit Florian Philippot nous expliquent à longueurs de journées que le FN a changé. Au diable le terrible cortège de haine, de racisme, d’antisémitisme, de négationnisme qui a marqué l’histoire de ce parti et qui appartiendrait désormais à l’histoire ancienne.

Pourtant, sans creuser beaucoup, les cadavres ressurgissent assez rapidement.

Lundi, Marine Le Pen, qui tente de dissimuler le fait qu’elle est un produit 100% « Made in Jean-Marie », annonce quitter temporairement la présidence de son parti pour la confier à son 1er Vice-Président, un certain Jean-François Jalkh. Pour le grand public, ce monsieur est un parfait inconnu. Pourtant, il est à l’image de ce FN canal historique qui constitue toujours la colonne vertébrale de l’extrême-droite française.

Jean-François Jalkh a adhéré au Front National dès les origines, en 1974, à une époque où le comité politique du parti était un concours d’indignité et de déshonneur et où les anciens collabos, les anciens Waffen-SS et les anciens terroristes de l’OAS se disputaient le titre du meilleur traitre à la patrie. Journaliste à National Hebdo, il a gravi tous les échelons du parti avec le soutien constant de Jean-Marie Le Pen. C’est d’ailleurs en sa compagnie que Jean-François Jalkh s’est rendu le 23 juillet 1991 en l’Eglise Saint-Nicolas-du-Chardonnet pour honorer la mémoire du Maréchal Pétain et entendre le prêtre intégriste appeler la France à « expier les fautes des juges » qui avaient condamné à mort le chef du régime de Vichy en 1945.

Le nouveau président du Front National est surtout un admirateur du négationniste Robert Faurisson. Dans un entretien donné à la politologue Magali Boumaza le 14 avril 2000, il confessait son intérêt pour les thèses négationnistes dont il saluait alors « le sérieux et la rigueur de l’argumentation ». Florian Philippot, ce matin, sur France Inter, s’évertuait pourtant à le défendre.

On peut nous expliquer dans tous les sens que le FN a changé et qu’il a tourné la page de son passé. On peut nous dire que la fille n’est pas le père. C’est une imposture. Marine Le Pen n’a jamais renié son héritage. Elle n’a jamais récusé l’histoire de son parti, fondé par des hommes qui, un jour, ont pris les armes contre la France et n’ont rien à envier aux terroristes de Daesh. Marine Le Pen a accepté le flambeau transmis par son père et le jour de son élection à la tête du FN, elle salua « sa droiture, sa noblesse d’âme, sa persévérance, sa vision et parfois sa bravoure ». Pas vraiment un discours de rupture. Et au moment de choisir un successeur, fût-ce par interim, elle nomme un nostalgique du Maréchal et un admirateur de Faurisson. A Nice, filmé en caméra cachée, un cadre du FN a encore récemment remis en cause l’existence des chambres à gaz. A Fontaine, en Isère, un élu FN proposait d’arracher les dents en or des Roms. Oui, il y a toujours autour du FN, des « fantômes qui entassaient au vélodrome des hommes, des enfants et des mômes » pour reprendre les mots d’un célèbre imitateur.

Aujourd’hui l’extrême-droite est souriante, elle sait « faire peuple » en haranguant la détresse sur les piquets de grève. Elle sait soigner les apparences pour attirer à elle là où, auparavant, les outrages de Jean-Marie Le Pen étaient des repoussoirs. Elle manie les symboles comme personne. Sous cette blondeur avenante, pourtant, on voit toujours les racines. Cette semaine, la condamnation pour provocation à la haine envers les musulmans de Robert Ménard, maire « Bleu Marine » de Béziers, atteste de cette réalité.

Alors aux électeurs qui ont des états d’âme et des cas de conscience à l’approche du deuxième tour de l’élection présidentielle, je pose cette question : Pétain voterait Le Pen, et vous ?

Facebooktwittergoogle_plusredditpinterestlinkedinmail

1 Comment

  1. cassuto says: Répondre

    en effet, comment Alain ouvrir les yeux des gens qui ne comprennent pas où ils vont en votant Le Pen.?
    il faut faire ce que l’on peut, chacun à notre niveau, autour de nous, pour leur faire comprendre.

    espèrons y arriver.

Laisser un commentaire