Le nouveau Président de la République va devoir relever des défis considérables, au premier rang desquels figure la nécessité, urgente, de rassembler les Français. Notre pays est tiraillé par des divisions profondes et les sources de son affaiblissement moral sont nombreuses. Nos valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité sont en jachère. La République exige de chacun d’entre nous qu’il assume d’exercer la part de citoyenneté dont il est dépositaire pour remédier à cette situation.
La situation nous demande de la lucidité. Nous avons collectivement fait l’autruche bien trop longtemps et nous en payons le prix. Le moment est venu de nommer les choses et de désigner les périls qui menacent notre édifice commun.
Le communautarisme, vitrine de l’islamisme, est un poison puissant dont on commence à peine à mesurer les effets. La désertion de pans entiers de notre territoire par la République a laissé le champ libre à de multiples profiteurs d’abandon qui professent une organisation de la cité selon les règles de la communauté en opposition avec la loi commune. Pour eux, l’appartenance ethnique et religieuse prime sur toute autre considération et regardent le « Blanc » comme le continuateur de la domination coloniale. Pour eux, la laïcité est « islamophobe », la dénonciation de l’antisémitisme est une soumission au « lobby sioniste » et l’homophobie une opinion comme une autre. L’extrême-gauche, par électoralisme parfois, par conviction souvent, leur tend les bras et leur ouvre en grand la porte de ses investitures aux élections législatives.
A l’extrême-droite, l’esprit de division charpente une idéologie raciste et xénophobe, qui pervertit la laïcité pour la transformer en Inquisition anti-musulmane. Le vieux réflexe consistant à désigner des « coupables de naissance » la fait grimper aux sondages le long de son indignité. Elle s’est muée en populisme boulangiste où il suffit simplement de livrer à la vindicte populaire les boucs-émissaires du moment pour faire recette, elle aussi, sur des territoires abandonnés par la République, dans les campagnes, dans les petites villes, dans les espaces péri-urbains. Elle invoque, avec les mots de notre temps, une France éternelle, exclusivement blanche et catholique qui n’a pourtant jamais existé que dans les colonnes infernales de l’Action Française et les grimoires de la Contre-Révolution. Aujourd’hui, elle a rassemblé 10 millions de voix et compte faire une entrée en masse à l’Assemblée Nationale.
La France est prise en tenaille, une tenaille identitaire à laquelle nous devons résister. La LICRA jouera pleinement son rôle : celui d’un lanceur d’alerte pour dire à nos compatriotes ce qu’il ne faut pas laisser passer au nom des valeurs universelles qui fondent notre contrat social depuis 1789. Aucune expression du racisme, de la xénophobie, de l’antisémitisme, du négationnisme, du complotisme ne doit rester sans réponse.
Aucun accommodement, même raisonnable, ne doit venir fissurer le pacte de laïcité établi en 1905. Aucune compromission ne doit nous conduire à accepter l’inacceptable. Dans le quinquennat qui s’ouvre, la LICRA sera particulièrement exigeante avec les élus de la République et les responsables publics. Leur exemplarité est attendue. Nous y veillerons, avec indépendance, avec liberté, avec vigilance.