Chacun s’accommode désormais de l’absence de l’accusé.
L’après-midi commence par l’audition du Procureur allemand Rudolf Holtfort, spécialisé dans les dossiers contre les criminels nazis et plus particulièrement contre ceux qui ont opéré en France. Il indique qu’il a toujours travaillé sur des photocopies d’originaux certifiés conformes et qu’aucun de ces documents n’a jamais été contesté par quiconque.
À l’instar de son collègue Streïm, Il confirme également l’authenticité des documents qui lui sont présentés et notamment le télex d’Izieu. Afin de répondre à la défense qui s’étonne qu’il a été établi sur une carte d’Angleterre, il explique que cela était dû à une pénurie de papier à cette époque. A quoi tient l’Histoire… Le fait que ce télex comporte un tampon français, comme le souligne également la défense, n’a par ailleurs rien d’anormal pour lui. Il ajoute, ce qui est là encore déterminant, que ce télex ne fait mention d’aucun ordre, ce qui signifie que la rafle des enfants d’Izieu était une initiative locale relevant de Klaus Barbie.
A ce stade des débats, le Procureur Streïm rejoint son collègue Holtfort à la barre pour répondre aux questions posées par le Procureur général Truche. Il est alors question des SS qui étaient, selon les deux procureurs allemands, au-dessus des lois et suivaient leur propre loi.
Le Procureur Holtfort confirme que c’est la section IV du SIPO SD qui prenait les décisions de déportation.
Un « tableau » est alors dressé des activités du SIPO SD de Lyon entre le 11 novembre 1942 et le 24 août 1944 sous le commandement de Klaus Barbie. Plus de 7.000 arrestations suivies de 2.335 déportations, 622 morts par fusillade et 2.440 personnes dont le sort demeure inconnu.
Le « décor » étant planté, la Cour peut commencer à évoquer les faits reprochés à l’accusé.