Flagrant délit d’antisémitisme

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« Vous êtes juifs, où est l’argent ? ». Les agresseurs de la famille de Roger Pinto n’ont même pas cherché à cacher leur motivation antisémite. Durant une matinée entière, la famille Pinto demeurant  à Livry-Gargan a vécu l’enfer : séquestration, ligotage, coups, invectives dans un huis clos où la violence tenait lieu de langage. Les auteurs de ce crime ont pris la fuite, laissant leurs victimes dans la torpeur et l’épouvante. 

Cette affaire n’est pas un cas isolé. On le sait, l’antisémitisme soutient souvent la main de la criminalité crapuleuse. On choisit désormais sa victime à raison de son appartenance, réelle ou supposée, à la communauté juive. A Créteil, les agresseurs ont même violé l’une des victimes. Il y a un peu plus de dix ans, Ilan Halimi n’a pas survécu aux blessures infligées par ses bourreaux qui étaient eux aussi convaincus que « les Juifs sont riches » et qu’ils « sont les rois dans ce pays ».

L’agression de la famille Pinto n’est pas anodine. Elle illustre à elle seule le mécanisme du racisme et de l’antisémitisme. Elle montre l’escalade qui conduit des préjugés – sur les liens entre les Juifs et l’argent – à l’agression et à la violence. Tout commence par des mots, par des étiquettes collées sur des boucs-émissaires, toujours les mêmes. Les stéréotypes à l’égard d’un groupe sont des armes à fragmentation qui, tôt ou tard, finissent par faire des dégâts considérables. Dès le premier incident, dès le premier mot, dès les premiers indices, dès les premiers signaux faibles, il faut agir et mettre un coup d’arrêt à cet engrenage. L’ indifférence en la matière conduit à la banalisation.

Dans une décision récente, le Conseil Constitutionnel a estimé devoir censurer la mise en place d’une peine complémentaire d’inéligibilité pour les personnes condamnées par la justice pour des faits de racisme et d’antisémitisme. Dans leurs attendus, les « Sages » de la rue Montpensier ont expliqué qu’une telle peine porterait atteinte à la liberté d’expression. C’est une erreur terrible de s’enfermer dans un tel schéma car tant qu’on considérera que le racisme et l’antisémitisme relèvent d’une libre opinion et pas d’un délit, il ne faudra pas s’étonner de voir prospérer dans la société les pires poncifs contre tel ou tel groupe, ces mêmes poncifs dont étaient animés les agresseurs de la famille Pinto.

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