Cédric Herrou est un citoyen engagé. Dans la vallée de la Roya, il a décidé de porter secours et assistance aux réfugiés venus de Syrie, de Libye, d’Irak ou encore du Soudan. Il y consacre aujourd’hui l’essentiel de son temps, en prenant des risques considérables, y compris face aux passeurs qui, en bon profiteurs d’abandon, tirent profit de la détresse de populations à la recherche d’un asile. Son engagement a fait de lui un emblème, celui du combat pour le droit des réfugiés à trouver dans notre pays secours, paix et sécurité.
Pour avoir défendu le droit d’asile, Cédric Herrou a été condamné par la justice sur la base de ce qu’on appelle communément un « délit de solidarité », son action étant considérée par les autorités comme une aide au séjour irrégulier sur le territoire national.
Depuis, il fait l’objet d’un véritable harcèlement à la faveur duquel des moyens considérables de police et de gendarmerie sont mobilisés pour l’entraver et tenter de le faire plier. Ce n’est ni aux juges, ni aux forces de l’ordre qu’il faut en vouloir. Pour les premiers, ils appliquent des textes votés souverainement par le Parlement. Pour les seconds, ils exécutent les ordres d’une hiérarchie placée sous l’autorité du Gouvernement de la République.
La responsabilité de cette situation incombe donc à ceux qui nous représentent et que nous avons élus.
Il y a deux manière d’envisager la question des réfugiés.
Il y a celle qui consiste à mettre en sourdine nos principes les plus chers et à céder aux sirènes, nombreuses, de l’extrémisme en confondant fermeté et intransigeance : elle conduit à la peur, à la frilosité et au renoncement. Elle conduit au final, selon une logique ubuesque, à mettre plus d’énergie et de moyens à poursuivre ceux qui aident les réfugiés qu’à essayer de les accueillir dignement dans notre pays. Pire encore, la France est même allée jusqu’à renvoyer à leurs génocidaires des réfugiés du Darfour qui étaient parvenus jusqu’à nous, notamment grâce à des personnes comme Cédric Herrou.
Et puis il y a celle d’Angela Merkel qui a permis, malgré des difficultés immenses, de faire de l’Allemagne un havre de paix pour ceux qui avaient fui la guerre et les persécutions. Pendant ce temps, la France, en pleine campagne électorale, a tergiversé et, n’écoutant que son courage qui ne lui disait plus rien, s’est bien gardée de prendre la mesure de ce qu’elle représente, pourtant, depuis 1789.
Il est urgent que notre pays reprenne le chemin des Lumières et que nos législateurs mettent un terme au délit de solidarité pour des personnes qui défendent avec une énergie folle les valeurs qui sont gravées sur nos édifices publics. Il est temps de faire en sorte que la fraternité, en France, cesse d’être un délit et redevienne le troisième pilier de notre devise. En vrai.