La nouvelle donne…

Facebooktwittergoogle_plusredditpinterestlinkedinmail

Les congrès de la Licra ont toujours constitué des moments forts de la vie de la République. Léon Blum y prononça, en 1938, un discours aussi émouvant que passionnant, à quelques mois du début de la Seconde Guerre mondiale. Jean Pierre-Bloch y fit adopter, en 1979, la délibération consacrant le passage de la Lica à la Licra. Bien que les époques aient changé, les enjeux demeurent les mêmes. Parce que les époques ont changé, notre devoir est de nous adapter.

C’est pourquoi notre congrès 2013 sera consacré à la « nouvelle donne » de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. La « nouvelle donne », c’est regarder notre société telle qu’elle est et non comme nous la rêvons. La « nouvelle donne » c’est s’adapter au monde dans lequel nous vivons. La « nouvelle donne », c’est regarder notre société telle qu’elle est et non comme nous la rêvons. Le courage, disait Jaurès, « c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ». La mondialisation, l’avènement des réseaux sociaux, la montée des fanatismes religieux, les coups de boutoir portés à la laïcité, les réflexes communautaires et la tendance à l’ethnicisation des rapports sociaux ont profondément modifié la « donne » de nos combats. Si les victimes du racisme et de l’antisémitisme sont toujours les mêmes, les auteurs, eux, ont en grande partie changé, de même que leurs motivations et leurs moyens d’action. Le temps est révolu où les « gentils » étaient d’un côté et les « méchants » de l’autre. Le racisme et l’antisémitisme ne sont plus l’apanage des Blancs chrétiens- de-droite. Pour douloureux qu’il soit, nous n’avons pas le droit de nous abstenir de faire ce constat, sauf à manquer à la mission qui est la nôtre.

Le racisme et l’antisémitisme ne sont pas plus acceptables quand ils émanent de ceux qui prétendaient les combattre ou de ceux qui en étaient les victimes. La « nouvelle donne », dont certains nous dirons qu’elle n’est pas si nouvelle, c’est le racisme qui gangrène les milieux populaires sur fond de crise économique, c’est l’antisémitisme qui sévit de façon dramatique dans les villes et les cités sur fond de radicalisme islamique, c’est le « racisme anti-Blanc » qui, pour être sans doute mal nommé, n’en est pas moins le révélateur de l’échec du processus d’intégration républicaine. La « nouvelle donne », c’est le sentiment de puissance que confère l’anonymat de la « toile » pour répandre la haine raciste et antisémite en toute impunité. C’est de tout cela dont nous allons parler avec nos invités au cours de notre congrès des 23 et 24 mars prochain, sans complexe ni candeur, mais avec lucidité et raison, comme l’ont fait nos anciens depuis près d’un siècle. Il n’y a pas de sujets tabous, il n’y a que de mauvaises façons de les traiter. Forte de son histoire et de son indépendance, la Licra est déterminée à conduire la réflexion et l’action de la « refonte » du mouvement antiraciste avec toutes celles et ceux qui veulent concourir à bâtir une France plus fraternelle.

A nous de faire en sorte qu’ils soient le plus nombreux possible. A nous de reconquérir les « territoires perdus de la République », ces zones de non-droit devenues des zones de non-devoirs, livrées au prosélytisme de la haine. C’est avec la jeunesse de notre pays et non contre elle que ce combat doit être mené. La Licra y est résolue.

Facebooktwittergoogle_plusredditpinterestlinkedinmail

Laisser un commentaire