C’est de toi que l’on parle

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A celles et ceux qui se demandent (et me demanderont) pourquoi consacrer un dossier du « DDV » à l’homophobie, je rappellerai, comme l’a fait Robert Badinter(1) avant moi, que « l’homophobie n’est rien d’autre qu’un racisme sexuel, fondé comme tous les racismes sur l’ignorance, les préjugés et la violence ».

C’est pourquoi nous devons la combattre comme toutes les formes de racisme. Ça n’a pas toujours été le cas, convenons-en. Notre ami Emmanuel Debono, historien de la Licra, a exhumé des textes d’avant-guerre dans lesquels nos anciens, qui n’étaient guère progressistes en la matière, qualifiaient les nazis de « pédérastes délirants d’outre-Rhin ».

Autre temps, autres mœurs… Nul ne peut contester aujourd’hui que les ressorts de l’homophobie sont les mêmes que ceux du racisme et de l’antisémitisme : une haine contre une minorité prétendument différente.

Nul ne peut contester que les manifestations de l’homophobie et les souffrances qu’elle cause sont également les mêmes : violences verbales et physiques, avec cette circonstance, s’agissant de l’homophobie, que le rejet provient souvent du cercle familial, accroissant le sentiment d’humiliation et de honte des victimes.

Nul ne peut enfin contester que les auteurs sont généralement les mêmes : extrémistes politiques et intégristes religieux. Ce n’est pas un hasard si on retrouve chez Le Pen, M’Bala M’Bala, Soral et consorts la même obsession des homosexuels que des juifs, et si les crânes rasés des mouvements d’extrême droite aiment « casser du pédé » autant que du « Raton », du « Bougnoule » et du « Youpin ». L’homophobe est obsédé par l’idée de débusquer l’homosexuel, comme l’antisémite de reconnaître le juif ; il ne le hait pas parce qu’il est différent, mais parce qu’il lui ressemble. C’est pour ça qu’il le caricature. Ça le rassure autant que ça nourrit ses fantasmes de penser que les homosexuels ressemblent tous aux personnages de la « Cage aux folles », et les juifs aux orthodoxes à chapeau, redingote, barbe et papillotes… La façon de traiter les minorités est un signe de l’état de santé d’une société, et notre société est malade, gravement malade. En période de crise, sa courbe de température correspond à celle, toujours ascendante, du racisme, de l’antisémitisme, de l’homophobie et du rejet de l’autre. Le bouc émissaire peut prendre la forme du Noir, du Juif, du musulman, de l’Ara be, du Rom, de l’étranger, ou de l’homosexuel, l’histoire est toujours la même.

Adhérent, militant, sympathisant, ami de la Licra, quand on dit du mal d’un homosexuel, tends l’oreille, c’est de toi qu’on parle…

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