Radicalisations

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Radicalisation

Radicalisation religieuse, radicalisation politique, radicalisation sociale, l’heure est à la radicalisation tous azimuts. On ne discute plus, on n’échange plus, on ne s’écoute plus, on ne doute plus, on affiche, on affirme, on invective … Comment notre pays a t’il en quelques années, sombré dans les extrêmes ? La faute à la crise sans doute. Quand une société perd ses repères, elle libère les plus mauvais penchants de l’homme : égoïsme, reflexe identitaire, repli communautaire, désignation de bouc-émissaires… L’histoire est un éternel recommencement. Mais la crise n’explique pas tout, nos hommes politiques portent une lourde responsabilité. L’obsession de la réélection et le règne des sondages  les ont conduits à abdiquer de la raison d’être de leur fonction, en suivant l’opinion publique plutôt que de lui montrer la voie. Les atermoiements, les reculades, les renoncements, les compromis et autres « combinazione » à visée électorale, ont porté un coup terrible aux valeurs de la République et fait le lit du populisme et des extrêmes. A l’heure du « ni-ni » et alors qu’on s’émerveille de l’indépendance d’une ministre qui démissionne (bien tardivement) pour cause de divergence politique, on cherche en vain un élu qui oserait déclarer qu’il «vaut mieux vaut perdre les élections que perdre son âme ». N’est-ce pas là pourtant l’essence même de la politique ? Le  meilleur antidote contre les extrêmes est la clarté, la fermeté et le courage. Pas dans les rodomontades et les coups de menton, dans les actes. L’opinion publique finit toujours par respecter les élus qui font preuve de courage. Cela vaut tant pour l’extrémisme politique que pour l’extrémisme religieux.

Quand on évoque le sujet, on pense immédiatement à la radicalisation islamiste. Non sans raison bien sûr. Mais si c’est de loin la plus  importante, ce n’est pas la seule. Le repli communautaire touche toutes les communautés. Et quand les communautés progressent, la République recule. L’exemple de l’école est symptomatique : Le succès des écoles confessionnelles signe l’échec de l’école de de la République, quelles qu’en soient les raisons. Quand les familles juives inscrivent leurs enfants dans une école juive, pour assurer leur protection et leur sécurité, c’est  l’échec de l’école de la République. Il est d’ailleurs impossible de ne pas faire le lien entre le sentiment légitime d’insécurité des juifs de France et la montée du radicalisme islamiste. Car qu’on le veuille ou pas c’est ce radicalisme qui vise prioritairement (mais pas exclusivement) les juifs, jusqu’aux meurtres les plus abominables. Rien n’est pire en ce domaine que le déni. Pour combattre le mal, commençons pas le nommer. J’ai eu l’occasion, dans ces colonnes de  dénoncer les « 4 lettres de malheur » qui séparent l’islam de l’islamisme. Mais si ce cancer est l’affaire de tous, il est aussi celui des musulmans de France qui doivent le combattre frontalement, sans crainte ni langue de bois, en ce compris dans sa dimension antisémite. Au-delà du repli communautaire, ne sous-estimons pas la peur, et je veux parler de peur réelle et fondée, car les extrémistes ont infiltré nombre de mosquées et de lieux de prière et y font régner menaces et omerta. La majorité silencieuse des musulmans de France est bâillonnée par une minorité puissante et agissante. Elle a besoin de l’empathie et du soutien de l’ensemble de la communauté nationale, comme la communauté nationale a besoin d’elle pour éradiquer le mal.

Ce n’est pas en opposant les uns aux autres qu’on soignera le corps social et qu’on l’éloignera des extrêmes, c’est au contraire en promouvant la valeur la plus en danger de la devise républicaine : la fraternité.

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