13 mai 1987. Barbie déserte son procès.

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13 mai 1987. En cette troisième journée d’audience, alors que le Président Cerdini achève l’interrogatoire de son curriculum vitae, Klaus Barbie demande l’autorisation de lire une déclaration qui vient de lui être remise par son avocat. Après avoir considéré que sa comparution devant la Cour d’Assises est illégale, il déclare ne plus vouloir comparaître et demande à être reconduit à la prison Saint Joseph, confiant à Maître Vergès « le soin de (le) défendre pour l’honneur de la justice. » Un véritable séisme s’abat alors sur la Cour.

Chacun se regarde, frappé d’effroi. Comme souvent au cours de ce procès, c’est le Procureur Général Truche qui résume le mieux la situation, avec des mots simples, coupant court à l’escalade d’indignation, au demeurant légitime, des avocats des parties civiles. S’adressant à la Cour et aux jurés, il déclare : « Il y a plusieurs façons d’interroger un homme. Il y a celle qui avait court il y a 45 ans dans cette ville où, évidemment, l’on ne pouvait dire à ceux qui interrogeaient que l’on ne répondrait pas, et que l’on entendait se retirer dans sa cellule. C’est l’honneur de la justice aujourd’hui de donner à un accusé la possibilité de s’exprimer, de questionner les témoins. Mais ici, nous voilà avec Herr Nein, Monsieur Non. Je constate que le nom de Barbie est lourd à porter. Je constate qu’il n’accepte pas de voir en face ce qu’il a fait. Mais il a le droit de ne pas vouloir être là. La procédure française le lui reconnaît. Il reste que c’est lui qui se dérobe. Le nazi triomphant serait-il un nazi honteux qui n’ose pas regarder son passé ? »

Jacques Vergès se délecte. Il avait déjà fait le coup au procès Abdallah. Klaus Barbie lui, n’en finit pas de partir, tel un acteur d’opéra. A la suspension d’audience, chacun y va de son commentaire. Au-delà de la consternation, le sentiment prédominant est celui de la crainte de l’inutilité d’un procès qui se tiendrait hors la présence de l’accusé. Les victimes, elles, ont le sentiment qu’on leur vole leur procès. Elles l’attendent depuis si longtemps. Après celle de Pierre Truche, une voix s’élève du rang des parties civiles, celle de Maître Henri Nogueres, grand résistant, Président de la Ligue des Droits de l’Homme, pour lequel « ce procès sans la présence de Barbie ne sera pas moins important qu’avec lui. Car avec lui c’était la perspective d’entendre des mensonges. Son absence nous les épargnera. » La suite lui donnera raison. Car comme nous le verrons, les témoignages tout au long du procès ont gagné en intensité et en émotion grâce à l’absence de l’accusé. Comme si les victimes s’en trouvaient libérées…

L’audience se poursuit donc en l’absence de Klaus Barbie, par l’audition des experts psychiatres Vedrine et Gonin et du psychologue Weber. Malgré l’agressivité dont Jacques Vergès fait preuve à leur égard, les experts résistent très bien. Le Docteur Gonin notamment met à nu de façon éclatante la personnalité de Barbie et explique son départ par sa psychologie.

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