Ne boudons pas notre plaisir, le 47e congrès de la Licra, qui vient de s’achever, fut un grand et beau congrès. La richesse des communications du samedi après-midi dans le cadre prestigieux du CESE, puis la merveilleuse soirée, honorée de la présence de nombreuses personnalités, dans les majestueux salons de l’Hôtel de Ville de Paris, ont ravi nos militants. La sérénité et la convivialité qui ont régné au cours de ce congrès, nonobstant les enjeux électoraux, et la perfection qui a présidé à son organisation sont également source de satisfaction.
Je tiens à remercier toutes celles et ceux qui ont concouru à ce succès, qui est celui de la Licra. La réflexion que nous avons menée sur « la nouvelle donne » au cours de ces deux jours de travaux doit à présent déboucher sur un nouvel élan dans nos actions. Tel est l’imprimatur que je souhaite donner au second mandat que les militants de la Licra m’ont fait l’honneur de me confier. La période de crise que nous vivons est, nous le savons, propice au développement des extrémismes, des intégrismes et des populismes. La récente affaire Cahuzac, qui ne fait qu’ajouter au trouble de nombre de nos concitoyens, nous fait craindre le pire, dans certaines régions, pour les échéances électorales de l’année prochaine. Face aux dangers qui menacent les valeurs pour lesquelles nos pairs et nos pères se sont battus, il nous faut résolument livrer le combat, comme ils l’ont fait avant nous.
Certes, la France de 2013 n’est pas celle de 1930, mais tous les spécialistes s’accordent à reconnaître que bien des « ingrédients » concourent à une furieuse ressemblance. Ce combat, nous devons le livrer là où sévissent ceux qui mettent à mal l’esprit des Lumières et du vivre ensemble. Le premier « champ de bataille » est celui des territoires dans lesquels le cancer du racisme et de l’antisémitisme se propage sur fond de crise économique et sociale, de ressentiment et de jalousie, de propagande et de concurrence mémorielle. Le second, comme nous l’a magistralement rappelé Robert Badinter, est celui de la Toile, ce monde aussi merveilleux que diabolique, doté de moyens d’autant plus puissants que ses armes sont virtuelles et ses soldats, disséminés aux quatre coins de la planète, camouflés sous l’armure de la toute-puissance que leur confère l’anonymat. Si les racistes et les antisémites de tout poil ont pris une sérieuse longueur d’avance, il n’est pas trop tard. Ne déses pérons pas de la force de nos convictions et de la justesse de notre combat. Je suis déterminé à doter la Licra des moyens qui sont nécessaires pour répondre aux exigences de la « nouvelle donne ». C’est dans cet esprit que j’ai décidé de renforcer notre exécutif pour nous permettre d’être plus présents sur le terrain et dans le domaine des nouvelles technologies, tout en tenant compte de la dimension européenne des enjeux qui nous attendent. Mais ne nous leurrons pas, cela ne sera pas suffisant, tant le mal est profond. Ce n’est qu’en nous liguant que nous pourrons multiplier nos forces et nos moyens.
Il nous faut rassembler nos concitoyens, qui sont encore fort heureusement les plus nombreux, indéfectiblement attachés aux valeurs de la République. Il nous faut nous unir aux associations qui, parfois avec des sensibilités différentes, poursuivent les mêmes objectifs que nous. Face aux dangers du moment, ce qui nous rassemble doit être plus fort que ce qui, sur certains sujets ou certaines analyses, peut nous opposer. Il ne s’agit pas d’être d’accord sur tout mais sur l’essentiel. Il ne s’agit pas non plus de renoncer à ce qui fait notre spécificité. Il sera temps de revenir plus tard sur nos divergences. Mais pour l’heure, le salut est dans l’union des forces, pour faire reculer le racisme et l’antisémitisme et promouvoir une France plus fraternelle.