Dring dring

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Dès la dépêche publiée, la France est en émoi, frappée dans ses fondements mêmes. Les chaînes de télévision suspendent leurs programmes pour diffuser l’information et la commenter. Le Premier ministre intervient en direct à l’Assemblée nationale. Les réseaux sociaux ne parlent que de « ça »… La nouvelle se répand à l’étranger. Les Français sont atterrés, prostrés. L’effet « 11 septembre » s’abat sur la France. On se pince, on n’y croit pas, on ne veut pas y croire.

Il faut pourtant se rendre à l’évidence : en ce triste automne 2013 on a, dans notre pays, comparé une ministre à une guenon pour la seule raison qu’elle est noire. Joignant le geste à la parole, on lui a même jeté des bananes comme à un simple joueur de football… Qui est ce « on » qui nous renvoie aux heures les plus sombres de notre histoire ? Une candidate aux prochaines élections municipales, d’un parti qui s’indigne d’être qualifié d’extrême droite, mais dont la présidente valse à Vienne (ça ne s’invente pas !) avec tout ce que l’Europe compte de fascistes, de racistes et d’antisémites. L’indignation est unanime, transcendant les appartenances partisanes.

A l’Assemblée nationale, la ministre que ciblent ces attaques ignobles est acclamée sur tous les bancs de l’hémicycle. Il n’y a plus de droite, il n’y a plus de gauche, il n’y a que la France, debout comme un seul homme. Les quelques associations et syndicats qui se risquent à tenter une récupération politicienne en sont pour leurs frais. Pourquoi pas un grand concert au Trocadéro, pendant qu’ils y sont ? Les manifestations auxquelles ils appellent ne réunissent qu’une poignée d’apparatchiks qui n’ont rien compris à l’histoire. A l’instar de ce qui s’est produit au lendemain de la profanation du cimetière de Carpentras, le peuple de France est descendu spontanément dans la rue, sans autre étendard que celui de la République, sans autre slogan que « fraternité ». Les Français ont besoin de se retrouver, d’être ensemble, de se laver les poumons de l’odeur pestilentielle du racisme. Cette France-là n’est pas la leur. La marée humaine est bigarrée, tous sexes, générations, origines et croyances, confondus. Pour un peu, on croirait qu’on a remporté la coupe du monde de football. Et un, et deux, et trois, zéro !

Elle est pas belle, la France ? ` La préfecture de police estime le nombre de manifestants à plus d’un million à Paris. Marine Le Pen, qui tente de s’infiltrer dans le cortège, est poliment mais fermement invitée à regagner ses pénates. Dieudonné est hué, Soral conspué. Mais que viennent-ils faire là ? Zemmour, lui, est resté chez lui, bougonnant contre le « politiquement correct » et le « droit-de-l’hommisme ». Alors que la tête du cortège atteint la place de la Bastille, un véhicule sombre s’immobilise dans une rue transversale. Le président François Hollande en descend par la portière arrière droite. Quand la portière gauche s’entrouvre, les quelques badauds présents s’attendent à en voir sortir sa compagne. Mais c’est Nicolas Sarkozy qui apparaît. Les deux hommes se joignent à la foule et sont accueillis par une même clameur. Ils serrent des mains sans se soucier de savoir si elles sont de droite ou de gauche. Ils sourient à la France. On ne saura jamais lequel, de l’ancien ou de l’actuel Président, a eu cette idée. L’essentiel est qu’ils soient là, ici et maintenant. Leur message est clair : il est des sujets sur lesquels on ne transige pas, et les valeurs de la France sont de ceux-là.

Les pronostics des prochaines échéances électorales pourraient en être modifiés… Quelle était déjà cette belle formule ? Ah oui, c’est ça : « Il vaut mieux perdre les élections que perdre son âme »… Mais on peut aussi gagner les élections sans perdre son âme… Voilà que François et Nicolas sont rejoints par Valérie et Carla… Ça devient tout flou… Dring ! Dring ! C’est déjà l’heure ? Dieu que les réveils sont difficiles… Mais que c’est bon de rêver…

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