Le psychodrame national auquel donne lieu le projet de déchéance de nationalité finit par nous faire perdre le sens de la raison. Cette idée du Président de la République aux arrière-pensées électoralistes évidentes était, convenons-en, aussi inopportune qu’inutile. Mais mérite-t’elle l’excès d’honneur qu’on lui fait ?
Supposons que le texte soit voté et que les recours qui ne manqueront pas d’être exercés soient rejetés, dans quelles conditions cette déchéance pourra t’elle être appliquée ?
- Il faudra d’abord qu’un nouvel attentat terroriste soit perpétré, ce qui hélas n’est pas improbable;
- Il faudra ensuite que l’auteur ou les auteurs de cet attentat soient arrêtés vivants, ce qui l’est beaucoup plus;
- Il faudra enfin qu’ils soient jugés, déclarés coupables et condamnés et qu’ils aient purgé leurs peines, qui pour de tels faits seront nécessairement (et justement) très longues.
Ce n’est qu’alors pour que la déchéance de nationalité pourra leur être appliquée, autant dire au bas mot dans 30 ans… Un tel scénario, qui concernera au surplus un, deux ou trois terroristes sur le sort desquels nul ne pleurera, mérite t’il de mobiliser depuis des semaines et pour combien de temps encore toutes les forces vives de la Nation ?