Quelques vérités sur Siné

Je ne voudrais pas troubler le concert de louanges qui a suivi l’annonce de la mort de Siné mais il est tout de même nécessaire de rappeler un certain nombre de vérités.

1- La procédure initiée à son encontre en 2008 par la Licra pour incitation à la haine raciale, portait non pas sur une, mais sur deux chroniques :

La première, dont personne ne parle, a été publiée dans Charlie Hebdo le 11 juin 2008. Siné y écrivait :

« Je n’ai jamais brillé par ma tolérance mais ça ne s’arrange pas et, au risque de passer pour politiquement incorrect, j’avoue que, de plus en plus, les musulmans m’insupportent et que, plus je croise les femmes voilées qui prolifèrent dans mon quartier, plus j’ai envie de leur botter violemment le cul.

J’ai toujours détesté les grenouilles de bénitier catholiques vêtues de noir, je ne vois donc pas pourquoi je supporterais mieux ces patates à la silhouette affligeantes et véritables épouvantails contre la séduction !

Leurs maris barbus embabouchés et en sarouel coranique sous leur tunique n’ont rien à leur envier point de vue disgracieux. Ils rivalisent de ridicule avec les juifs loubavitchs ! Je renverserai aussi de bon cœur le plat de lentilles à la saucisse sur la tronche des mômes qui refusent de manger du cochon à la cantoche ».

La seconde, datée du 2 juillet 2008, la seule dont on parle, visait effectivement le fils de Nicolas Sarkozy, dans les termes suivants :

« Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter ! Le Parquet (encore lui !) a même demandé la relaxe. Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n’est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d’épouser sa fiancée, juive et héritière des fondateurs de DARTY. Il fera du chemin dans la vie ce petit. (…)

La semaine dernière, « L’Express » titrait son édito « ISLAM cette religion doit abjurer les archaïsmes les plus flagrants de son dogme ». Croyez-vous que ce Christophe Barbier, qui se permet d’admonester les musulmans, les enjoignant brutalement d’abandonner leurs traditions, aurait le même culot pour s’adresser aussi violemment aux juifs ? Moi, honnêtement, entre une musulmane en tchador et une juive rasée, mon choix est vite fait ! »

2- Si un jugement de la 6ème chambre presse du Tribunal correctionnel de Lyon du 24 février 2009 a relaxé Siné, cette décision n’a pas mis un terme à la procédure. L’arrêt confirmatif de la Cour d’Appel de Lyon du 26 novembre 2009 a en effet été cassé par la chambre criminelle de la Cour de Cassation le 28 septembre 201, qui a renvoyé l’affaire devant la Cour de Lyon autrement composée. Celle-ci ayant résisté par un arrêt du 2 avril 2012, la Cour de Cassation l’a cassé une seconde fois le 22 octobre 2013, renvoyant cette fois la procédure devant la Cour d’Appel de Paris. Estimant que cette affaire avait suffisamment duré et considérant l’état de santé déclinant de Siné, la Licra a décidé de ne pas saisir la Cour de renvoi, ce qu’elle a fait connaitre par un communiqué de presse. Ainsi, le fond de l’affaire, sur les deux chroniques poursuivies, n’a-t-il jamais été définitivement jugé.

3- Si l’on veut rappeler « la vie et l’œuvre » de Siné, il est difficile de passer sous silence les propos qu’il a tenus à l’antenne de la radio Carbonne 14 au mois d’aout 1992, au lendemain de l’attentat de la rue des Rosiers. Les voici :

«  Je suis antisémite. Je veux faire dorénavant des croix gammées sur tous les murs. Je veux que chaque juif vive dans la peur, sauf s’il est pro-palestinien ». Ces propos lui ont valu une condamnation pour incitation à la haine raciale le 12 février 1985.

4- Rappelons enfin ce que Pierre Desproges, lui-même pas trop mauvais en matière de liberté de ton et d’humour, écrivait à Siné à la suite de ces propos : «  Vous êtes de ces pacifistes bardés de  grenades et de bons sentiments prêts à éventrer quiconque n’est pas pour la non- violence ». Ce même Desproges qui écrivait ; «  Siné possède cette particularité singulière d’être le seul gauchiste d’extrême droite de France ». Siné n’est plus là… Mais il n’est plus le seul… Loin s’en faut…