Eric Zemmour s’est confessé dans le magazine « Causeur » en évoquant Daesh en ces termes : « Je respecte des gens prêts à mourir pour ce en quoi ils croient, ce dont nous ne sommes plus capables ».
A force de voir un djihadiste derrière chaque musulman, à force d’être devenu paranoïaque de l’islamisation de la France par une « Cinquième colonne » tapie dans l’ombre, à force de s’exciter sur le prétendu « Grand remplacement » qui serait à l’oeuvre, Eric Zemmour a fini par succomber à un syndrome de Stockholm. Et le voilà en pleine contagion émotionnelle à avoir de l’empathie pour les salauds qui ont pris les armes contre la France et les Français. Encore un peu de réclame pour sa brochure et il est capable de trouver des qualités au Califat, notamment dans le sort qu’il réserve aux femmes et aux homosexuels.
On le savait capable de tenter de réhabiliter le Maréchal Pétain mais avec lui, le pire n’a décidément pas de limite . On ne doute pas du plaisir qu’il va éprouver à l’idée que ses propos fassent polémique, lui offrant encore de quoi squatter les plateaux télés et les colonnes des journaux pendant de longues, trop longues semaines. Et le fait de susciter l’unanimité contre cette provocation lui procurera, n’en doutons pas, un plaisir tout personnel en même temps que de substantiels droits d’auteur.
Son respect, Eric Zemmour aurait pu l’adresser aux enfants de Toulouse, aux victimes de Charlie, de l’Hyper Casher, des terrasses de Paris, du Stade de France, de Nice. Lui qui veut christianiser tous les prénoms du pays, il aurait pu adresser son respect au père Hamel, égorgé en son église. Lui qui nous fait la morale en permanence sur la loi et l’ordre, il aurait pu adresser son respect aux militaires tués par Merah ou aux policiers assassinés à Magnanville sous les yeux de leur enfant. Il a préféré l’adresser à leurs bourreaux.
En grand déclinologue, il prétend sans vergogne, commodément planqué derrière son micro et sa plume, que, contrairement aux terroristes, nous ne serions plus « capables » de mourir pour ce en quoi nous croyons. Qu’il aille le dire, dans les yeux, aux veuves et aux orphelins des soldats morts pour la France au Mali, en Libye ou en Afghanistan.