Farid Benyettou, l’ancien émir autoproclamé des Buttes-Chaumont et mentor des Frères Kouachi, vient de sortir un livre avec l’anthropologue Dounia Bouzar intitulé « Mon Djihad », autrement dit « mon combat ». Il y raconte son parcours islamiste au sujet duquel il confesse avoir renié ses engagements passés. Il se propose désormais de « déradicaliser » la jeunesse tentée par Daesh.
On a envie de le croire parce qu’on a envie de croire que la radicalisation islamiste n’est pas irréversible et que ceux qui s’y sont fourvoyés sont capables de retrouver le chemin de l’Humanité. Pourquoi, en effet, ne pas admettre qu’un homme, ayant purgé sa peine de 6 ans de prison pour avoir participé à une entreprise terroriste, a tiré les leçons de ce qu’il avait fait ? N’est-ce pas ce qu’on attend aussi des peines d’emprisonnement, au-delà de la privation de liberté et de la protection de la société ?
Pourtant, la démarche de Farid Benyettou crée un légitime malaise et affaiblit terriblement les arguments qui pourraient plaider en faveur de sa bonne foi et de sa sincérité.
Sa surexposition est indécente, au moment même où la France se recueillait deux ans après les attentats de janvier 2015. Sa tournée commerciale des plateaux de télévision pour vendre ses confessions en arborant sans retenue le badge « Je suis Charlie » est une profonde marque d’irrespect des victimes. Surtout quand on sait qu’il a été le père spirituel des bourreaux Kouachi. La douleur du pays après le drame qui l’a frappé exige de la dignité, loin des lumières médiatiques. S’il veut – et peut – « déradicaliser » des jeunes islamistes, qu’il le fasse, mais en silence et dans l’ombre, avec humilité, sans donner le sentiment de jouer, à longueurs d’interviews, au repenti sorcier plus attaché à sa promotion personnelle qu’à la cause qu’il prétend désormais défendre !
Très bien dit ! Sa « tournée des « popotes » est indécente