Vendredi 20 janvier. Bastia. Stade Furiani. Le FC Bastia accueille l’OGC Nice pour la 21ème journée de la Ligue 1 de Football.
A l’issue de la rencontre, l’attaquant italien du club azuréen Mario Balotelli pousse un coup de gueule sur Instagram : « Est-ce normal que des supporters de Bastia fassent des bruits de singe et des ‘uh uh’ pendant tout le match ? Le football est un sport formidable, mais les gens comme ces supporters de Bastia le rendent horrible. Une vraie honte. ». Le lendemain, la chaîne BeInSports diffuse les images de l’échauffement du match sur lesquelles on voit plusieurs supporters du club corse pousser des cris de primates à l’attention de Mario Balotelli.
Il y a deux façons de réagir devant cet acte raciste caractérisé.
Il y a celle de l’autruche qui n’a rien vu, rien entendu et qui en plus, n’hésite à pousser d’autres cris, d’orfraie cette fois-ci. C’est le cas des dirigeants du FC Bastia qui ont réussi la prouesse, à la faveur d’un communiqué « couvertural » où le mot « racisme n’apparaît pas une seule fois, de condamner « une stigmatisation en règle » … du club et du public de Furiani. On a échappé de peu à ce qu’une demande d’excuses ne soit adressée à Mario Balotelli pour son attitude carrément hostile à l’égard de ceux qui le « singeaient ». Comme si aucune leçon des affaires N’Diaye, Chimbonda et Kébé n’avait été tirée.
Et puis il y a la tolérance zéro. La Ligue de Football professionnel a réagi énergiquement dès la diffusion des images et les instances disciplinaires sont saisies. C’est une bonne chose. Gageons qu’elles n’auront pas la main tremblante. Si ces incidents sont le fait d’une minorité – ce dont chacun convient – ils ne doivent pas rester sans réponse. Rien ne serait pire que le relativisme qui conduit à la banalisation puis à la libération de la parole haineuse. Le sport est un lieu de plaisir et d’émancipation. Les stades sont remplis de familles, d’hommes, de femmes et d’enfants qui n’ont pas à supporter, fût-ce un instant seulement, la vision de ces veuleries racistes. Si nous fermons les yeux sur ce qui s’est passé à Bastia vendredi soir, alors nous prenons le risque de rendre acceptable ces cris de singe qui incarnent un racisme au stade terminal.
A l’avenir, à mon sens, aucun match ne doit pouvoir se tenir raisonnablement si des incidents de cette nature ont lieu. Evidemment, les punitions collectives procurent toujours un sentiment d’injustice. Mais que les amateurs de football soient rassurés : il s’agira d’une injustice infiniment moins blessante que celle ressentie par un joueur noir devant lequel on imite tout le bestiaire de la jungle africaine et, comme c’est arrivé souvent, on jette des bananes.
En attendant, la LICRA a saisi la justice et se constituera partie civile.
Les nobles valeurs du sport sont bafouées. Devant de telles situations, il faut être sans concession et prendre les mesures qui s’imposent afin que de tels faits ne se reproduisent plus jamais.
Bravo à la LICRA qui a saisi la justice!