On peut reprocher beaucoup de choses aux extrémistes, mais certainement pas celle de ne pas appliquer leur programme. Il suffit de voir avec quelle détermination Donald Trump conduit son entreprise de démolition pour le comprendre. L’exemple américain doit nous servir de leçon et nous encourager à ne pas attendre que les urnes aient parlé pour nous réveiller. Après le mois de juin, il sera trop tard.
Evidemment, le danger immédiat, au plan électoral, est incarné par le Front National. Le risque qu’il représente est d’autant plus grand que la situation internationale, lui offre des raisons d’espérer. La crise des réfugiés et des migrants ravive l’esprit d’amalgame, réveille les fantasmes d’invasion et lui permet de crier au « Grand Remplacement ». Les victoires de Trump et du Brexit dessinent un mouvement général de repli identitaire et national dont on aurait tort de sous-estimer les effets dans les urnes.`
De la même manière, la situation intérieure lui donne de quoi rêver à un alignement des planètes qui ne se produit qu’une fois par siècle. L’extrême-droite sait bien que, dans le contexte terroriste islamiste que nous connaissons, pays effrayé n’a pas d’oreilles. Elle sait aussi tirer parti de la généralisation des affaires qui émaillent la vie politique en exhumant sa vieille antienne « anti-système » du « tous pourris ». Elle n’a pas même besoin de faire campagne pour prospérer, donnant raison à cet aphorisme gaulliste : « le pouvoir ne se prend pas, il se ramasse ».
Elle se travestit à la faveur d’un « relooking » qui aura un effet réel sur un électorat prêt à accorder à Marine Le Pen des suffrages qu’il rechignait à donner à son père. Sous l’influence de Florian Philippot, le Front National tente de dissimuler ses racines vermoulues – et vert-de-gris – en planquant le cadavre de Pétain derrière la statue du Général de Gaulle.
Mais un autre phénomène la renforce. Une partie de la classe politique s’est extrémisée sous l’effet du primat idéologique qu’elle exerce désormais sur le débat public. Nous assistons à une course au populisme qui voit la parole raciste et antisémite se libérer : les horreurs xénophobes que l’on a pu entendre dans la bouche de certains élus au sujet de la création de camps d’internement pour les « Fichés S » ou de l’accueil des réfugiés ne venaient pas du Front National.
La victoire de l’extrême-droite – ou de ses idées – ne serait pas simplement celle d’un camp ou d’une idéologie. Ce serait celle de tous les extrémismes qui se mettront en mouvement, faisant entrer notre pays dans une période d’affrontement et de division. Communaturaristes, islamistes et pseudos-antiracistes comptent sur la victoire de Marine Le Pen et de ses idées pour hystériser le pays. Tous, du Front National aux Indigènes de la République, participent d’un même mouvement qui trouve son intérêt dans l’affaiblissement de la République et le repli sur soi. Battre le Front National, ce sera battre et faire reculer toutes les formes d’extrémisme qui véhiculent le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie.
La mobilisation, c’est maintenant. En juin, il sera trop tard pour pleurer sur notre sort, manifester, pétitionner ou déposer des recours devant le Conseil d’Etat parce le FN au pouvoir aura décidé de liquider l’héritage de 1789.
bien d’accord avec tout cela. il faut être vigilant TOUT DE SUITE.
bravo pour ce texte Alain
j’espère qu’il sera entendu.jcassuto