Pas moins de six plaidoiries sont au programme du dernier jour de la sixième semaine du procès.
La première à s’exprimer est Sylvia Zimmermann qui revient sur les lois antisémites qui ont facilité la politique allemande du génocide. Elle présente les choses de telle façon que bien que les connaissant de longue date, on a le sentiment de les découvrir. Le ridicule de certaines dispositions prêterait à rire si elles n’étaient pas si graves de conséquences. Sylvia Zimmermann raconte l’histoire de ce juif condamné à de la prison parce qu’il a succombé aux charmes d’une prostituée aryenne. Celui-ci, à qui la justice allemande reprocha la couleur de son pantalon qualifiée « d’insolence impardonnable » parce qu’elle est celle des pantalons portés par les hommes de la SA. Celui-là encore, condamné à mort pour avoir « tapoté la jambe d’une femme aryenne par-dessus sa jupe ».
Sylvia Zimmermann raconte comment ces anecdotes se transformeront en génocide de tout un peuple.
Michel Zaoui lui succède à la barre. Sa tâche est de démontrer la culpabilité de Klaus Barbie dans la rafle de l’UGIF. Comme à son habitude, Michel Zaoui connait le dossier sur le bout des doigts. Jacques Vergés ne s’y trompe pas, et l’écoute attentivement. Michel Zaoui est de ces avocats respectés tant par les magistrats que par ses confrères, même lorsqu’ils ne sont pas du même côté de la barre. Précision des mots, justesse du ton, efficacité de la démonstration. Les rares ouvertures que pouvait entrevoir la défense sont méticuleusement fermées.
« Barbie savait » poursuit Alain Lévy défenseur de Madame Jacob, rescapée de la rafle de l’UGIF. Alain Lévy, Michel Zaoui et moi seront les seuls avocats à plaider les trois dossiers de crime contre l’humanité : Barbie, Touvier et Papon.
Didier Skornicki revient, avec dignité et émotion sur la déposition de son client, Monsieur Stourze (audience du 22 mai).
Enfin, Alain Feder et Christian Charrière-Bournazel (qui deviendra plus tard Bâtonnier du Barreau de Paris) évoquent l’humanité « dévastée de dégoutante manière » par la torture à mort du Professeur Gompel, dont ils retracent avec passion la vie d’exception, avant qu’elle ne s’achève dans la baraque aux juifs du Fort Montluc.
Au lendemain de cette dernière journée d’audience de la semaine, un journaliste écrira « trente-neuf avocats plaidant au cours de huit audiences pour les parties civiles, on pouvait craindre les redites, sources de désintérêt. Après la troisième audience, rien de tel. La description du mal absolu est sans fin… »