En Marche est le premier parti du Palais-Bourbon. C’est ce que tout le monde a retenu du second tour des élections législatives du 18 juin dernier.
Mais une autre force est également entrée à l’Assemblée Nationale. Elle n’est pas un parti. Elle n’est ni de droite, ni de gauche. Elle est tout à la fois et va des « Insoumis » aux « Républicains » en passant par les Socialistes, les Radicaux, les Marcheurs, les Centristes et les Constructifs. Cette force politique, c’est celle désormais portée par les 120 députés « Antiracistes » signataires de la Charte qui leur avait été soumise par la LICRA à la faveur de la campagne électorale. Evidemment, cette liste n’est pas exhaustive et il faut espérer qu’elle embrasse bien au-delà de ses seuls signataires.
Ces « Antiracistes » déclarés ont fait le choix de s’engager publiquement à nos côtés et de porter haut et fort les couleurs de nos valeurs universelles et de l’éthique républicaine. C’est un acte politique qu’il faut saluer et dont il faut leur donner acte.
Ces 120 parlementaires « Antiracistes » vont avoir l’occasion très rapidement de mettre en pratique leurs engagements de campagne. La loi de moralisation de la vie politique, désormais confiée à Nicole Belloubet, nouvelle Garde des Sceaux, leur offre l’opportunité de dire que la probité des élus n’est pas qu’une affaire d’argent mais aussi, et surtout une affaire de valeurs. Cette loi, si elle est amendée, peut aller plus loin que les dispositions dans lesquelles elle est actuellement enfermée, en proclamant qu’aucun raciste, antisémite, négationniste xénophobe, homophobe ou auteur d’une discrimination ayant fait l’objet d’une condamnation définitive par la justice, ne doit pouvoir être candidat aux élections. C’est le sens de la proposition faite par la LICRA au Gouvernement.
Le combat « Antiraciste » a avancé dans notre pays par l’adoption de grandes lois qui, les unes après les autres, ont remis l’expression de la haine dans la cage dont elle n’aurait jamais dû sortir : le décret-loi Marchandeau en 1939, la loi Pleven en 1972, la loi Gayssot en 1990, la loi Taubira de 2001, la loi Perben de 2004, la loi « Egalité et Citoyenneté » de 2017. La loi de moralisation de la vie politique peut parachever cet édifice législatif en privant d’une partie de leurs droits civiques ceux qui ont violé le pacte républicain et remis en cause, par leurs paroles ou par leurs actes, l’égalité entre les Hommes au point d’avoir fait l’objet d’une condamnation pénale.
Emmanuel Macron a été le premier des candidats à la Présidence de la République à signer la Charte Antiraciste de la LICRA. Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement et chargé des relations avec le Parlement, a déclaré à la télévision qu’il était favorable aux amendements proposés par la LICRA. Mais aujourd’hui, le plus dur reste à faire et cette étape décisive du combat antiraciste ne sera pas franchie toute seule. Nombreux sont les obstacles qui viendront s’y opposer. La main du législateur est souvent tremblante au moment où il faut graver le marbre de la loi. Et quand bien même le Gouvernement serait favorable à une telle démarche, ces 120 parlementaires ne seront pas de trop pour porter, dans l’hémicycle, cette belle idée que notre Parlement doit être indemne de la moindre once de rejet de l’autre parce qu’il est autre. Contrairement à ce que d’aucuns prétendent, cette question ne relève pas de l’appréciation des électeurs qui, souverainement, auraient à trier le bon grain de l’ivraie.
Le racisme n’est pas une opinion qui pourrait faire l’objet d’un débat public, fût-ce à l’occasion d’une campagne électorale. C’est un délit qui doit priver ses auteurs de la faculté de se présenter au suffrage universel.
Voir la liste des 120 députés signataires de la Charte Antiraciste de la LICRA