22 juin 1987 : 39 plaidoiries

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Cette semaine, entièrement consacrée aux plaidoiries des avocats des parties civiles, sera longue. Pourquoi trente-neuf avocats, pourquoi trente-neuf plaidoiries ? Tout simplement parce que les victimes étaient nombreuses et d’horizons divers. « Si tous les juifs étaient victimes, toutes les victimes n’étaient pas juives » avait justement rappelé Elie Wiesel. Conscient de la difficulté, certains avocats avaient proposé que quelques-uns seulement d’entre nous plaident, en présence et au nom de tous les autres. La proposition avait fait long feu pour diverses raisons, certaines pertinentes, d’autres moins ; mais de celles-ci, la confraternité m’interdit de parler…

Il restait à établir l’ordre de passage de façon la plus cohérente possible, en tentant d’éviter les redites. Vaste programme s’il en est. Tout le monde a accepté que Serge Klarsfeld intervienne le premier, avec à sa suite, les confrères plaidant la rafle des enfants d’Izieu. Il a également été rapidement décidé que j’aurais l’honneur de clôturer les plaidoiries des parties civiles au côté de Roland Dumas, l’un représentant la synthèse des victimes juives, l’autre des victimes résistantes. L’un expérimenté, l’autre moins… Pour le reste, chacun y allait de ses désidératas. Ceux qui avaient les exigences les plus grandes sur la date et l’heure de leur intervention (les débuts d’audience sont généralement préférés aux fins d’après-midis ) n’étaient pas toujours ceux qui avaient le plus assisté aux débats.

La journée du 22 juin est entièrement consacrée à l’évocation du convoi du 11 août 1944. La tâche n’est pas aisée puisque, profitant de l’absence de document, Klaus Barbie prétend n’avoir aucune responsabilité dans cet ultime convoi, qui a quitté Lyon quelques jours seulement avant la libération.

Richard Zelmati s’attache à démontrer la valeur des témoignages de celles et ceux qui ont vu Klaus Barbie, tant à Montluc lors du rassemblement des 650 malheureuses victimes, que sur le quai de la gare au moment du départ. Il souligne à juste titre le jusqu’au-boutisme de l’intéressé, dont la préoccupation première était d’envoyer les derniers prisonniers à la mort, alors que la débâcle allemande était avérée.

Ugo Iannucci poursuit la démonstration sur le thème de la connaissance par Klaus Barbie du sort réservé aux déportés, sur la base d’une minutieuse évocation historique. Tout en reconnaissant que Klaus Barbie n’est ni Himmler ni Eichmann, Ugo Iannucci démontre qu’il a été un rouage essentiel et conscient de la politique d’hégémonie idéologique du IIIème Reich.

La fin de l’après-midi est consacrée à une émouvante plaidoirie de Pierrette Assouline-Abecassis en forme d’hommage aux femmes déportées, à celle de Gérard Welzer qui décrit la barbarie au quotidien puis d’Anne-Marie de Beaurepaire et de François Lefort.

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