23 juin 1987 : Henri Noguères, avocat et militant

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L’avocat qui ouvre l’audience est aussi historien et Président de la Ligue des Droits de l’Homme. Henri Noguères est un de ces hommes qui inspire le respect. Il parle de son association qui a payé un lourd tribut à l’occupation nazie et dont le Président, Victor Basch a été assassiné dans l’agglomération lyonnaise avec son épouse. Henri Noguères revient ensuite sur le long chemin qui a conduit à ce procès, qui n’a pas toujours été un long fleuve tranquille, y compris, parmi les parties civiles. La Ligue des Droits de l’Homme a été la première association à demander que les faits reprochés à l’accusé ne soient pas limités à ses seules victimes juives. Elle a, à ce titre, critiqué l’arrêt de la chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Lyon qui avait considéré, suivant en cela les réquisitions du Procureur Général Truche, que le crime contre l’humanité n’était constitué qu’à l’égard des victimes juives et pas des victimes résistantes. C’était également le point de vue d’André Frossard, pour qui la victime du crime contre l’humanité est celle qui est désignée par son acte de naissance. Henri Noguères a toujours contesté cette définition limitative, en prenant pour exemple le convoi du 11 août 1944 qui a envoyé en déportation à la fois des juifs et des résistants.

 

« Comment faire la différence ? » interroge-t-il. Et le résistant juif, il a été déporté parce que juif ou parce que résistant ? Comment couper le convoi en deux, alors qu’il est parti sur les mêmes instructions, du même endroit, pour la même destination ? L’argument ne manque pas de pertinence. Pour autant, n’y a-t-il pas une différence entre le résistant qui a choisi de prendre les armes pour lutter contre l’occupant et l’enfant envoyé à la mort uniquement parce qu’il est né juif ? Ce débat a été clôturé par la Cour de cassation dans un sens différent de celui de la chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Lyon, en considérant que le crime contre l’humanité a été constitué tant à l’égard des résistants que des juifs. Il a cependant, il faut bien le dire, laissé subsister des plaies, que les débats devant la Cour d’assises du Rhône ont, en partie, permis de cicatriser.

 

Guy Bermann est une grande figure du Barreau de Lyon. Il s’est proposé de parler de l’homme Barbie, « SS doué » et de l’histoire de l’idéologie nazie. Il est bien placé pour le faire, puisqu’il a personnellement porté l’infame étoile jaune. Vraisemblablement en raison de son histoire personnelle, Guy Bermann a vécu le procès comme un électrochoc. Il est décédé quelques mois plus tard. J’ai toujours pensé qu’il y avait un lien.

 

Alain Gourion, avocat du Mouvement pour le Rassemblement et l’Amitié entre les Peuples (MRAP) a eu l’excellente idée de partager sa plaidoirie avec Elfrun Andreani-Jungblut, avocate allemande. Sa présence, comme son accent de ce côté de la barre sonne comme un message d’espoir.

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