3 juillet 1987 : Pour qui sonne le glas ?

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Jacques Vergès recommence à plaider en début de matinée. Il règne dans le prétoire une chaleur moite et oppressante. Au moment où il se  lève pour prendre la parole, un violent orage survient. Les ténèbres se déchainent. Le tonnerre gronde si fort qu’il couvre la voix de l’avocat qui se résigne à se taire. A l’instant même où il s’apprête à reprendre la parole, c’est au tour des cloches de la cathédrale Saint Jean, proche du Palais de Justice, de battre comme des folles. Jacques Vergès est à nouveau réduit au silence. La scène est si surprenante qu’il en est réduit à sourire. Pour qui sonne le glas ?

Jacques Vergès tire ses dernières cartouches. Il se déchaine, hurle, conteste le télex d’Izieu qu’il appelle « télex Klarsfeld » et le qualifie de montage et de faux. Il plaide toute la matinée et encore 3 heures d’affilé l’après-midi. Ses propos sont de plus en plus agressifs. Mais il lui faut conclure. Il le fait de façon incantatoire : « Au nom de l’humanité, de la loi, du droit, au nom de la France qui n’a que trop tardé, acquittez sans plus tarder cette victime expiatoire. Si l’humanité attend de vous quelque chose, c’est un acte de raison. Répondez non à toutes les questions ! »

Il est 16h45. Klaus Barbie était absent pendant les plaidoiries de sa défense. Tout un symbole… Le Président Cerdini demande qu’il soit extrait pour comparaître devant ses juges avant que ceux-ci se retirent pour délibérer. La loi française donne devant les Cours d’assises la parole en dernier à l’accusé.

Klaus Barbie fait son entrée. Il a vieilli depuis le début du procès. Le Président lui demande s’il souhaite s’exprimer. Sans même attendre la fin de la traduction, il répond « oui, Monsieur le Président, je veux vous dire quelques mots en français. ». La salle frémit. On se plait à espérer des explications, des mots d’humanité. De cela il ne sera pas question. D’une voix fatiguée et presque sans accent, Klaus Barbie déclare : « je n’ai pas commis la rafle d’Izieu. Je n’ai jamais eu le pouvoir de décider la déportation. J’ai combattu la résistance que je respectais, avec dureté, mais c’était la guerre, et la guerre, c’est fini ». Sa déclaration aussi.

Quelle est donc l’expression de ses lèvres, alors qu’il se rassoie. Un sourire ? Un rictus ? On ne saura jamais.

Les débats sont clos. La Cour, composée de Messieurs André Cerdini, Gérard Becquet et André Picherit, se retire en compagnie des 9 jurés, 5 hommes et 4 femmes, dont le plus âgé n’a que

51 ans, ce qui signifie qu’il avait 8 ans au moment de la libération.

Commence la longue attente du verdict. Les heures s’écoulent…

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