Le Gouvernement se propose de rétablir la confiance entre les Français et leurs élus. C’est l’objet du texte actuellement en discussion devant le Parlement et qui vise à restaurer la probité dans l’exercice des mandats électifs. Pour y parvenir, il souhaite rendre inéligibles ceux de nos compatriotes qui ont sombré dans la concussion, la prise illégale d’intérêts ou la fraude fiscale. La chose est évidemment nécessaire, urgente et louable. Pour autant, la probité des élus ne saurait se résorber dans des considérations exclusivement financières, sauf à considérer que l’argent a définitivement pris préséance sur les valeurs et les principes de la République.
Etre probe, ce n’est pas seulement être en règle avec Bercy. C’est aussi l’être avec la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. En matière de dégradation morale, d’atteinte à la dignité du débat démocratique et de perte de confiance dans la parole publique, un raciste vaut bien un corrompu. Le même sort doit être réservé à l’un comme à l’autre. C’est la raison pour laquelle la LICRA propose au Parlement de graver dans le marbre de la loi que l’expression du racisme, de l’antisémitisme, du négationnisme, de la xénophobie, de l’homophobie ou de toute forme de discrimination doit conduire à l’inéligibilité de son auteur.
C’est une mesure de salubrité publique et de résilience républicaine. Ceux qui se rendent coupables de délits de cette nature ont violé le contrat universel établi en 1789 et contestent l’égalité entre les Hommes. Comment pourraient-ils prétendre, dans ces conditions, les représenter tous ? Ils ont rompu notre pacte social en divisant en sous-groupes la communauté nationale, une et indivisible, alors que leur rôle, est de la réunir. La République doit, en retour, leur signifier que leur nom n’a rien à faire sur un bulletin de vote.
La parole des élus n’est pas anodine. Elle participe à la formation de l’opinion publique. Elle a vocation à l’exemplarité dans un contexte où l’expression de la haine de l’autre s’est libérée et banalisée. D’aucuns argueront qu’il faut laisser aux électeurs le choix de disqualifier, ou non, un candidat qui aurait été condamné pour un délit raciste. Céder à cet argument, ce serait accréditer l’idée que « sale nègre », « mort aux juifs », « musulmans dehors », « les pédés au bûcher » ou encore « les chambres à gaz sont un détail » seraient des termes acceptables dans le débat démocratique alors qu’ils constituent des délits réprimés comme tels.
Lundi, plusieurs parlementaires ont déposé des amendements reprenant les propositions de la LICRA. A l’issue du vote et du scrutin public sur ces amendements, chacun saura qui a voulu entrer dans l’Histoire en faisant sortir des hémicycles les racistes, les antisémites, les négationnistes, les xénophobes et les homophobes.
Je trouve en effet qu il est temps d appeler un chat un chat et de ne pas se cacher de dire ce qui doit être dit.
Un élu de la République doit être intégré à tous niveaux et ne rien laisser passer.