L’antiracisme n’est pas liberticide

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Cet été, le combat antiraciste a fait un grand pas en avant. En effet, le Parlement a adopté la proposition de la LICRA consistant à rendre inéligibles les personnes condamnées pour racisme, antisémitisme, négationnisme ou encore homophobie. Le texte est actuellement à l’examen du Conseil Constitutionnel, saisi par les élus du groupe « Les Républicains ».

Ces nouvelles dispositions ont soulevé un vent de critiques estival. Evidemment, il y eut la réaction de Jean-Marie Le Pen, président d’honneur du Front National et de son vieil acolyte, Bruno Gollnisch, qui ont sauté sur leurs comptes Twitter comme des cabris, pour crier à la soumission de la France au « Diktat » de la LICRA. Un classique du genre, sorte de remake de ce qu’on a vécu après le vote de la loi Pléven et de la loi Gayssot. Nous les remercions pour cet hommage à notre action. Nous n’en demandions pas tant.

Une poignée d’éditorialistes, toujours les mêmes, se sont joints au chœur des victimes de l’antiracisme, dénonçant les attaques contre la liberté d’expression et une atteinte au suffrage universel. Elisabeth Levy dans Causeur, avec la modération qu’on lui connaît, y voyait même les prémices du retour d’une Inquisition aux ordres de la LICRA, l’établissement d’une dictature stalinienne en France et l’extinction des Lumières à coups de lettres de cachet. Rien de moins. Dans la même veine, Anne-Marie Le Pourhiet, universitaire et militante de la très humaniste UNI, au nom d’un libéralisme intégral, y voit l’affermissement du carcan qui aurait été mis en place par les lois antiracistes antérieures. Pour elle, il n’y a aucun lien entre l’incitation à la haine et le passage à l’acte.

L’attentat de Charlottesville a pourtant apporté un démenti cinglant à nos deux cariatides du temple de la liberté illimitée d’expression à l’américaine. Le racisme et l’antisémitisme tuent. Et tout commence par des mots. Considérer que leur répression pénale confinerait au délit d’opinion et à mettre en place une censure, revient à accréditer l’idée que nous aurions face à nous des idées qui pourraient souffrir le débat et la contradiction. Quand un homme défile dans les rues des Etats-Unis ou d’ailleurs en criant « mort aux nègres », il n’y a pas de discussion possible. Nous ne sommes plus dans le domaine de l’usage critique de la raison mais bien dans le prélude au passage à l’acte. Le suprémaciste blanc qui a foncé dans la foule de manifestants antiracistes de Charlotteville a tué pour honorer la sinistre promesse des slogans gravés sur les potences du Ku Klux Klan. Les Inquisiteurs sont bien ceux qui en portent les habits, honteusement masqués derrière des tenues d’un autre âge. Pas du côté de ceux qui, pour reprendre les mots de Bernard Lecache, réclament tout simplement « le droit de vivre ». Ce n’est pas l’antiracisme qui est liberticide mais les racistes, les antisémites, les négationnistes et les homophobes qui dénient à des pans entiers de notre Humanité le simple droit d’exister.

Que les opposants à la mise en œuvre de la nouvelle loi se rassurent. La liberté d’expression se porte merveilleusement bien en France. La preuve. Ils ont eu tout loisir pour la critiquer, la vilipender et dire tout le mal qu’ils pensaient de ceux qui l’ont inspirée. C’est l’honneur de la République de garantir la liberté d’expression et de condamner dans le même temps le racisme et l’antisémitisme.

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1 Comment

  1. cassuto says: Répondre

    j’espère que le Conseil Constutionnel aura la sagesse de voter le texte.

    les cinglés de toutes sortes n’ont rien à faire en France ni à être élus, c’est à dire de ME
    représenter. Ils ne me représentent pas.

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