La LICRA, antiraciste depuis 1927

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L’idée de la LICRA est née le soir du 26 octobre 1927, à l’issue du délibéré du procès de Samuel Schwartzbard, jugé pour l’assassinat de Simon Petlioura, considéré alors comme responsable de nombreux massacres de Juifs en Ukraine. A la Brasserie Marianne, située près de la place Blanche à Paris, Me Henry Torrès, qui venait d’obtenir son acquittement et, en vérité, la condamnation de l’antisémitisme, décida de réunir autour de lui plusieurs camarades pour aller plus loin et former une association de lutte contre la haine des Juifs. D’abord Ligue contre les Pogromes, elle devient rapidement la LICA et, en dépit de son acronyme, affiche très tôt dans son objet : « la lutte contre le racisme et l’antisémitisme ». 
 
Depuis lors, notre association a été de tous les combats pour faire reculer la haine de l’autre, en France et bien au-delà : contre le nazisme, aux côtés des réfugiés victimes de l’hitlérisme, du fascisme, du franquisme, en soutien aux Noirs américains, aux Juifs soviétiques, dénonçant l’Apartheid, engagée contre les métamorphoses de l’antisémitisme – négationnisme et antisionisme – pionnière de la défense des victimes des crimes contre l’Humanité, résolument attachée aux droits des immigrés et des minorités, activiste de la lutte contre la haine sur Internet, opposante aux dérives identitaires et communautaristes, attachée à la laïcité, la LICRA peut s’honorer d’être toujours mobilisée là où l’universalisme l’appelle. 
 
L’Histoire de la LICRA est marquée par la permanence. Les temps changent, le monde évolue mais les ferments de la haine produisent toujours les mêmes effets. L’antisémitisme subi par nos fondateurs est toujours le même, emportant pour les mêmes raisons les enfants d’Izieu en 1944 et les enfants de Toulouse en 2012. C’est toujours cette « lèpre raciste », pour reprendre une expression chère à Jean Pierre-Bloch, qui a emporté dans la Seine les Algériens le 17 octobre 1961 et Brahim Bouarram le 1er mai 1995. 
 
En février 1932, Bernard Lecache écrivait un éditorial dont le titre allait donner son nom à notre journal : « Nous réclamons le droit de vivre ». Je pourrais aujourd’hui reprendre ce texte sans en retrancher une seule phrase tant les mots d’hier évoquent avec la même force nos maux d’aujourd’hui. Les immigrés et les réfugiés, de l’entre-deux-guerre ou d’aujourd’hui, doivent toujours affronter les mêmes épreuves et le même rejet pour accéder à un logement ou trouver un travail. La couleur de peau se paie toujours, malheureusement, au même prix. 
 
La force de notre association, c’est d’avoir compris, dès les origines, que le combat contre le racisme et l’antisémitisme ne serait jamais gagné pour toujours et qu’il exigeait que des veilleurs s’attachent à toute heure et en tous lieux à ne pas laisser s’éteindre les idéaux des Lumières. Nous sommes aujourd’hui les héritiers de cette tradition. Vigies hier, lanceurs d’alerte aujourd’hui, nous partageons toujours ce même dessein fraternel et républicain. C’est la seule alternative au chaos de haine qui ne cesse de ressurgir. 
 

A 90 ans, la LICRA est une vieille dame qui n’a perdu ni son âme, ni sa résolution, ni sa capacité à agir pour faire reculer ceux qui transforment les racines en races, les identités en identitaires, la nation en nationalisme, le peuple en populisme et les communautés en communautarisme.

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