Les limites de la paresse intellectuelle viennent d’être allègrement franchies par Jérôme Blanchet-Gravel, essayiste québécois, diplômé en sciences politiques et religieuses, dans un article livré au journal Causeur la semaine dernière et au titre évocateur : « c’est l’antiracisme qui alimente le racisme ». A la faveur d’une démonstration rhétorique qui s’embarrasse peu de la réalité mais de beaucoup de procès d’intention, l’auteur de cette violente diatribe en arrive à la conclusion que « la passion antiraciste est une pornographie sociologique, une révolte de l’imaginaire contre la réalité. ». Rien de moins.
La réalité, pourtant, est tout autre. En matière d’antiracisme, il y a les causeurs et il y a les faiseurs.
Le premier constat, c’est que le mot « antiraciste » est dévoyé de toutes parts, par ceux qui le revendiquent comme par ceux qui l’accablent. Ce n’est pas parce que certains collectifs indigénistes, adeptes d’un monde « racisé », divisé en groupe ethnico-religieux étanches, prétendent lutter contre le racisme qu’ils méritent cette appellation. Mais de ces subtilités qui, d’ailleurs n’en sont pas, Jérôme Blanchet-Gravel n’a cure. Tout est bon à prendre pour instruire le procès du multiculturalisme et de ces associations antiracistes qui symbolisent à ses yeux un poncif de l’extrême-droite, à savoir « une police de la pensée ».
Le second constat, c’est que l’auteur de cette tribune ignore, jusqu’aux fondamentaux les plus élémentaires, le sujet dont il parle in vitro. L’antiracisme n’est pas une passion creuse, un concept détaché du monde, une croyance abstraite. L’antiracisme s’incarne en actes. Les milliers de victimes qui frappent chaque année à la porte d’une permanence de la LICRA ne sont pas un fantasme idéologique. Ils existent et, n’en déplaise à cet identitaire d’outre-atlantique, ne sont pas responsables des maux qui les frappent. Dire à une victime de racisme que l’antiracisme est responsable de ce qui lui arrive, c’est un peu comme dire à une victime de viol que son bourreau n’est pas son violeur mais les associations féministes qui dénoncent les violences faites aux femmes ou le directeur du magasin qui lui a vendu une jupe trop courte.
Le troisième constat, c’est celui d’une radicalisation idéologique en germe dans de nos nombreux pays occidentaux, à la faveur de laquelle il importe plus de dénoncer l’antiracisme que le racisme lui-même, en renversant la charge de la culpabilité sur ceux qui sont les derniers remparts à la fièvre identitaire ambiante. Cette logique s’inscrit dans une offensive plus globale de tous les extrémismes contre les Lumières. Et dans ce combat, M. Blanchet-Gravel risque de se retrouver en bien mauvaise compagnie avec tout ce que le pays compte d’islamistes, d’indigénistes, d’identitaires de tous poils et de suprémacistes qui, comme lui, vomissent le multiculturalisme et l’universalisme.
Quant au journal Causeur, on se demande ce qu’il cherche en publiant de telles insanités dignes de Minute ou de Rivarol.
comme beaucoup de journaux écrits, télévisés ou autres , ils cherchent l’audience, ui permet d’avoir des pubs etc……même si c’est faux et surtout si c’est faux…