Le début de cette deuxième semaine d’audiences est consacré aux interventions de plusieurs avocats de parties civiles, qui reviennent sur l’absence de Klaus Barbie et qui demandent à la cour de le contraindre à comparaitre, comme la loi l’y autorise.
Après en avoir rapidement délibéré, la cour passe outre, se réservant la possibilité de le faire si le déroulement des débats l’exige. Nous verrons que ce sera le cas en quelques occurrences.
L’audience du jour est ensuite essentiellement consacrée à l’audition du procureur général allemand Streim, qui dépose sur l’authenticité des pièces produites aux débats.
Mais c’est de l’extérieur du palais de justice que je souhaite aujourd’hui vous entretenir.
Depuis l’ouverture du procès, un homme arpente en effet le quai Romain Rolland pour distiller son venin.
Il s’agit du sinistre Robert Faurisson, qui avait commencé à sévir au sein de l’université lyonnaise et qui voulait profiter de la large vitrine du procès Barbie et de la présence d’innombrables médias nationaux et internationaux, pour interpeller la foule et distribuer sa prose négationniste.
Avant que ne parlent les témoins, il pouvait encore tenter de mystifier son auditoire, en prétendant que les chambres à gaz n’avaient pas existé et que l’extermination des juifs par le régime nazi n’était que mensonge.
Après, il ne le pourrait plus.
Ses théories délirantes, suintant l’antisémitisme le plus féroce, ne tiendraient plus, face aux témoignages des hommes et des femmes qui allaient défiler à la barre de la cour d’assises dans les jours suivants.
Il ne s’agira plus alors de thèses fumeuses et de propagande idéologique, mais de témoins directs, qui ont vu, de leurs yeux vu, les longues files de vieillards, de femmes et d’enfants nus devant les chambres à gaz, entendu les cris, senti l’odeur des corps calcinés sortant des fours crématoires…
De fait, Faurisson disparaîtra lorsqu’ils apparaîtront. Il ne pouvait y avoir meilleure démonstration.
Pour cela, et pour cela au moins, ce procès était indispensable…