Je vous remercie d’avoir suivi mes comptes-rendus quotidiens depuis le 11 mai dernier. J’espère que vous y avez trouvé intérêt.
Je souhaite m’adresser à vous une dernière fois pour rendre hommage à celles et à ceux qui ont participé à ce procès, Magistrats, jurés, avocats, huissiers, policiers, traductrices, sténotypistes …
Avec une pensée particulière pour les témoins, hommes et femmes, héros et victimes anonymes, résistants et déportés raciaux, aujourd’hui tous disparus, qui ont donné corps à ce procès et qui ont permis d’écrire cette page de justice et d’histoire. Comme le dira Jean Olivier Viout, procureur général adjoint auprès du procureur Pierre Truche, « ce procès a d’abord été celui des victimes. C’est leur parole qui a dominé. Le show annoncé de Barbie est tombé à l’eau et tout l’intérêt s’est recentré sur les victimes. Grace à elles, ce que l’on connaît de manière livresque a soudain pris vie devant nous à travers leurs témoignages. Cela a montré l’évidence de l’inanité des négationnistes »
Je pense à mes confrères aux côté desquels j’ai partagé ces longues heures d’audience et qui ne sont plus, le Bâtonnier Bigot du Granrut, le Bâtonnier Paul Vuillard, Maîtres Henri Noguères, Paul Lombard, François la Phuong, Pierre Cohendy, Louis Rigal, Joe Nordmann, Charles Libman, et tant d’autres encore. Parmi eux, le grand avocat pénaliste que fut Gustave Bermann, dont je persiste à penser que le procès, qui l’a renvoyé à son propre statut d’enfant juif en Allemagne au moment de la montée du nazisme la tué, et Roland Rappaport, le combatif avocat de Sabina Zlatin, directrice de la maison d’Izieu, qui est mort le 26 juin 2017, en prenant le train pour venir inaugurer le collège Sabina Zlatin à Belley. Comment ne pas y voir un signe…
Je veux enfin saluer la mémoire de l’homme et du grand magistrat que fut Pierre Truche, disparu le 21 mars dernier, quelques jours après le début du confinement. Pierre Truche a été privé du dernier hommage que nous aurions voulu lui rendre. Ces quelques mots, je l’espère, y contribueront. Le procès Barbie n’aurait pas été le même sans lui, il y a apporté ce supplément d’âme dont la justice a tant besoin et qui lui fait hélas si souvent défaut.
Merci Monsieur le procureur général.