18 juin 1987 : Trois plaidoiries pour l’Histoire

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La journée du 18 juin est consacrée aux plaidoiries de trois grands hommes. Trois grands avocats.

Celle de Bernard Bigault du Granrut ancien bâtonnier du Barreau de Paris, fut un moment d’éloquence, d’intelligence et d’efficacité. La mission qui lui a été confiée par l’ensemble de ses confrères de la partie civile était de répondre aux arguments juridiques développés par la défense. C’est ce qu’il fit. Et de quelle façon ! Sans qu’il soit besoin d’entrer dans les détails, disons que le Bâtonnier Bigault du Granrut s’est livré à une admirable leçon de droit. Son argumentation sur la définition du crime contre l’humanité fera date. Contrairement à ce qu’il craignait, il ne fut  » ni aride ni ennuyeux « . Après avoir démontré que contrairement à ce que prétendait la défense, Klaus Barbie n’était pas  » rejugé  » mais jugé à nouveau, le Bâtonnier concluait à l’adresse des jurés :  » vous êtes aujourd’hui jurés du Rhône, les jurés de la France tout entière et aussi, je dois le dire, les jurés, les mandataires, les représentants de la communauté internationale ; et c’est une décision de portée internationale que vous avez à rendre en vous rappelant que, hélas, l’humanité n’a jamais progressé au travers de ses malheurs « .

Joe Nordmann a été le premier avocat à déposer une plainte pour crime contre l’humanité, à l’encontre de Paul Touvier. En prenant la parole en ce 18 juin 1987, il ne sait pas encore qu’il plaidera quelques années plus tard devant la Cour d’Assises de Versailles contre ce même Paul Touvier. Joe Nordmann traite de la personnalité de Klaus Barbie et de son adhésion à la politique d’hégémonie idéologique, fondement du crime contre l’humanité.

Le Bâtonnier Paul Vuillard représente lui aussi la génération de  » ceux qui avaient l’âge d’homme  » alors que Klaus Barbie sévissait à Lyon. Ce passé le conduit parfois à raconter davantage qu’à plaider. C’est ce qui explique sans doute qu’il se livra, au terme de sa plaidoirie, à une singulière demande d’extension de la définition du crime contre l’humanité qui en étonna plus d’un ! A commencer par le Procureur Général.

Si l’on pouvait regretter, au moment de la plaidoirie du Bâtonnier Bigault du Granrut que Jacques Vergés ait déserté l’audience ce jour-là, on ne le regrettait plus à l’instant présent. Quant à Maître M’Bemba, avocat au Barreau de Brazzaville qui occupait à titre de remplaçant le siège de la défense, je ne suis pas persuadé qu’il ait tout compris.

Il n’était d’ailleurs pas là pour ça.

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