Un terroriste a tué à lui seul 84 personnes sans arme ou presque, n’était la transformation de son poids lourd de location en arme de destruction massive. On peut disserter longtemps sur la question de savoir comment cet individu a basculé. Le fait est qu’il existe désormais des « autoentrepreneurs » du terrorisme islamiste qui, sans affiliation formelle à des réseaux structurés, passent à l’acte et obtiennent post mortem d’être franchisé Daesh.
Une fois de plus, la France compte ses morts. Avec l’attentat de Nice commis en plein 14 juillet, la France enchaîne les traumatismes. Mais cette fois-ci, toute cicatrisation semble impossible. L’unité nationale paraît avoir fait long feu. La désunion nationale est à l’œuvre. Et Nice est sans doute l’attaque de trop. De toutes parts, la solidité de notre édifice républicain se fissure. Devant un pays encore sonné par janvier et novembre 2015, la colère a gagné les esprits et ventre apeuré n’a plus d’oreilles. La folie contamine peu à peu une société abasourdie par ce qui lui arrive.
La folie semble s’être emparée d’une partie de la classe politique qui a liquidé en quelques heures le peu d’économies de crédibilité que le pays lui prêtait encore. Le spectacle de déconsidération offert à nos yeux impuissants est une blessure profonde pour tous ceux qui aiment et défendent la République. Une partie de la droite, aspirée par des instincts primaires, a ouvert le concours Lépine de la surenchère populiste et sécuritaire, depuis Henri Guaino, improvisé maître des roquettes en milieu urbain à Frédéric Lefebvre invoquant l’instauration de l’état de siège. Face au terrorisme, la tentation populiste est pourtant une arme qui peut se retourner à tout moment contre ceux qui l’utilisent. La vanité de la communication politique est à ce prix. Christian Estrosi, qui n’a pas de mots assez durs contre le Gouvernement, nous expliquait pourtant il y a quelques mois que les frères Kouachi, dans sa ville « hypervideosurveillée », n’auraient « pas franchi trois carrefours » avant d’être arrêtés. Le terroriste de Nice a fait deux kilomètres et 84 morts avant d’être stoppé…
La gauche, quant à elle, emploie des mots qui sont devenus inaudibles. On peut le déplorer mais la compassion et les minutes de silence ne suffisent plus à cimenter l’unité nationale. Appeler à l’unité, c’est déjà souligner le fait qu’elle a cessé d’être. L’unité d’un pays ne se demande pas, elle se constate. Si personne d’objectif ne peut sérieusement douter de la volonté du gouvernement de terrasser le terrorisme, il émane de sa communication un parfum de fatalisme qui déconcerte. Entendre le chef du gouvernement nous dire avec certitude qu’il faudra s’attendre quoi qu’il arrive à d’autres victimes, à d’autres attentats, c’est recevoir en pleine figure une gifle de résignation. C’est mettre en scène sa propre impuissance et offrir sur un plateau des arguments à ses adversaires, et au premier chef à l’extrême-droite. Si Churchill promettait le 13 mai 1940 « du sang, de la peine, des larmes et de la sueur », c’était, concluait-il, pour un but : « la victoire, la victoire à tout prix, la victoire en dépit de la terreur, la victoire aussi long et dur que soit le chemin qui nous y mènera ; car sans victoire, il n’y a pas de survie. ». Aujourd’hui, le but poursuivi a cessé d’être une évidence et rien de grand ne semble pouvoir porter les ambitions du pays face au terrorisme.
L’extrême-droite, enfin, contemple cette droite qui lui fait la course et cette gauche qui ne trouve plus les mots. Elle n’a pas besoin de faire campagne. Chaque attentat rabat sur elle un électorat transi par la peur. Daesh est devenu son directeur de campagne. Il suffit de voir avec quelle indécence, les corps de Nice encore tièdes, le secrétaire national aux fédérations du FN, Jean-Lin Lacapelle, se vantait, « sans se réjouir » évidemment, d’un « boom d’adhésions » dans son parti depuis l’attentat de Nice. Tandis que Nicolas Bay, député européen FN, saute comme un cabri pour nous expliquer que « immigration=terrorisme », Bernard Monot, son collègue à Strasbourg, réclame « des actes contre les « fellouzes», réveillant les fantômes de la Guerre d’Algérie dans une ville où il sait bien qu’il aura une certaine audience. La décomposition du pays, sur laquelle repose la stratégie du Front National, a assurément trouvé un allié objectif en Daesh.
Durant la minute de silence, sur la Promenade des Anglais, une personne d’origine maghrébine – ou supposée telle – a été prise à partie violemment par des individus écumant de haine et l’enjoignant de « rentrer dans son pays » (voir la vidéo ici). Le terroriste est allé bien au-delà de leurs espérances : parmi les 84 victimes, quatre étaient tunisiennes, deux américaines, une algérienne, une marocaine, trois allemandes, deux suisses, une arménienne …
Cest chronique d’une mort annoncée on a eu la nuit de cristal avec Ilan et Merah puis les journalistes puis les « fêtards’ au concert ou aux terrasses des cafés et Bruxelles puis Nice un quatorze juillet pour montrer que plus personnes est à l’abri de la barbarie en face une classe politique trop attachée à défendre capital et patrimoine qu’un idéal politique et politicien est devenu un métier à part entière et très lucratif on est en fin de cycle avec tous les dangers que cela comporte triste France triste Europe triste monde
le président de la LICRA a je pense une analyse lucide avec des mots simples dont nos politiques de tous bords feraient bien de s’inspirer .
Bon, Monsieur le président de la LICRA après votre constat accablant, malheureusement exact, que faisons-nous ? Allons-nous laisser notre société se fracturer comme le souhaitent les extrémistes de tous bords avec tant d’ardeur malfaisante ? Laisser notre démocratie dériver vers des lendemains plus qu’incertains ? Laisser le pouvoir à la sarl Le Pen de père en Fille ?
Il faut réagir, agir, Que proposez-vous ?
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