Depuis qu’il a échoué à obtenir l’investiture de son parti pour l’élection présidentielle, Manuel Valls est la cible d’attaques répétées d’une outrance et d’une violence inouïes. Accusations ésotériques de fraude électorale, calomnie électoraliste, stigmatisation de sa prétendue traitrise, tombereau d’injures sur les réseaux sociaux, antisémitisme par procuration et comparaisons avec l’extrême-droite : rien ne lui est épargné et tout ce qu’il fait, dit ou suggère est retenu contre lui.
Les raisons cette chasse à l’homme politique ne sont pas à chercher dans la suite de la contestation de la loi Macron ou de la loi El Khomri. L’acharnement dont il est l’objet n’a rien à voir avec son échec à la primaire et la trajectoire politique qu’il a adoptée depuis. Ce n’est même pas parce qu’il aurait trahi la gauche, jugé trop à droite par certains de ses amis, qu’il est ainsi vilipendé.
Ceux qui veulent clouer Manuel Valls au pilori vont bien au-delà de sa propre personne et l’offensive qui est à l’oeuvre contre lui le dépasse très largement. C’est bien parce qu’il a incarné, durant cinq ans, une voix résolument républicaine et laïque que d’aucuns veulent aujourd’hui le rayer de la carte de la vie politique française. C’est aussi parce qu’il est désormais l’un des seuls à porter notre universalisme avec autant d’alacrité qu’il apparaît comme le dernier obstacle à abattre sur la route du communautarisme et de son cortège de revendications anti-laïques et identitaires.
Il suffit de regarder ceux qui composent la sarabande anti-vallsiste pour mesurer ce qui est en jeu. Toute l’Anti-France se donne la main pour tenter de lui faire payer, par tous les moyens, de l’avoir désignée pour ce qu’elle est : raciste, antisémite, négationniste et homophobe.
Ceux qui écument aujourd’hui de hargne contre Manuel Valls n’ont pas digéré que le 13 janvier 2015, dans un pays encore sonné par la terreur, il a trouvé les mots justes et les mots forts en nommant, sans détour et sans hésitation les responsables de nos malheurs : le nouvel antisémitisme qui gangrène une partie de nos quartiers et le déni d’antisémitisme qui accompagne chaque agression commise contre un juif parce qu’il est juif; le racisme que l’extrême-droite veut s’employer à retourner contre tous les musulmans de France parce qu’ils sont musulmans; l’islam politique qui veut mettre l’éteignoir sur nos Lumières et organiser la prolifération de l’obscurantisme par l’infiltration des règles religieuses à l’école, au travail, dans les services publics ou dans les stades; les « idiots utiles » qui se répandent pour observer, expliquer, justifier puis excuser la radicalisation et le passage à l’acte.
Dans une société traversée par le doute et accablée par le terrorisme djihadiste, Manuel Valls a été un rempart contre les menées de haine qui, venant de toutes parts, tentaient de déferler sur le pays. Il a tenu bon dans la tempête, au prix, sans doute, de sa carrière personnelle. Il n’a pas cédé à la tentation de l’indécision et de l’immobilisme. Aujourd’hui, cette voix a besoin d’être entendue. Elle a besoin de défenseurs contre ceux qui voudraient nous expliquer que la France, la République, la Nation, la Liberté, l’Egalité, la Fraternité et la Laïcité seraient devenus des gros mots à mettre au rebut.
Extrait du discours du Premier Ministre Manuel Valls à l’Assemblée Nationale le 13 janvier 2015 en hommage aux victimes des attentats :