1er juillet 1987 : la parole est à la défense

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La parole est à la défense. Jacques Vergès a convoqué à ses côtés Nabil Bouïta et Jean-Martin M’bemba, avocats au Barreau d’Alger pour le premier, de Brazzaville pour le second. Le message est clair. Au cours de cette journée, il n’est plus question du procès Barbie mais de celui du colonialisme de la France.

 Nabil Bouïta parle du sort « de tous les damnés de la terre ». Il se déclare antisioniste. « Tous les arabes le sont » affirme-t-il. Il se défend bien sûr d’être antisémite, mais parle de « nazification du peuple élu ». L’incident était inévitable avec certains avocats de la partie civile lorsqu’ils comparent les enfants de Sabra et Chatila aux enfants d’Izieu, ajoutant : « je ne vois pas la différence entre un four crématoire et une bombe au phosphore ». Les propos deviennent nauséabonds. Nous ne sommes plus dans la défense mais dans l’idéologie. La Barre devient une tribune. L’avocat ne plaide pas pour l’accusé, dont on se demande s’il l’a jamais rencontré, mais pour son propre compte.Jacques Vergès est aux anges.

 

C’est à présent lui qui prend la parole sur le registre de l’indignation. « Le racisme, figurez-vous, nous savons ce que c’est. Nous nous inclinons devant le martyre des enfants d’Izieu car nous portons le deuil des enfants algériens… le crime contre l’humanité ne force-t-il l’émotion, ne mérite-t-il la commémoration que lorsqu’il frappe des européens ? »

 Illustrant son propos, il évoque l’indignité de la France à l’égard des sénégalais morts pour elle. « Pas un mot de gratitude. Pas un signe de reconnaissance, et nous le regrettons parce que cet oubli nous blesse, parce qu’il nous fait douter du caractère universel de votre humanisme… »

 Voilà bien là la limite de la défense de rupture qui conduit à dénier au Juge le droit de juger. Mais où est donc Klaus Barbie dans tout cela ?

 

En guise d’ultime provocation, Jean-Martin M’Bemba affirmera que « …ce pays qui juge n’a pas forcément les mains propres… » et que « ce procès est peut-être le prétexte pour occulter certains crimes contre l’humanité».   Il demandera à la Cour de condamner l’apartheid, après avoir expliqué que Klaus Barbie n’était pas raciste puisqu’il lui a serré la main lorsqu’il lui a rendu visite à la maison d’arrêt…. En résumé, l’humanité est du côté de l’accusé et de sa défense, le crime de celui des parties civiles et de l’accusation. Est-ce la chaleur qui me provoque des nausées ?

 Ainsi se termine la première journée de la défense.

 

Le pire est à venir.

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