Au secours, la « race » est de retour !

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Dans l’inconscient collectif, celui qui invoque les races comme fondement de la société est un raciste d’extrême-droite. Hiérarchiser les hommes en fonction de sous-groupes établis selon des critères dits « raciaux » est la marque de l’extrême-droite. Ou plutôt était. Les fachos n’ont effet plus le monopole du racisme et, alors qu’on avait cru disparue dans les limbes de l’Histoire une certaine terminologie, voilà qu’une partie de l’extrême-gauche la réhabilite en l’habillant des atours de la science et de la sociologie.

Depuis plusieurs mois, le mot « racisé » a investi le domaine public. On a vu fleurir dans nos universités des débats « racisés ». On a vu surgir des festivals « racisés ». On a vu l’organisation de « camps décoloniaux » eux-aussi réservés aux « racisés ». Ce serait plus simple de dire directement « Interdit aux Blancs » mais tellement plus difficile à assumer. Alors on reprend la bonne vieille technique éprouvée par le régime d’Apartheid en Afrique du Sud qui, plutôt que de dire « Interdit aux Noirs », préférait l’euphémisme « Réservé aux Blancs ». 

Dire de quelqu’un qu’il est «  racisé » , c’est  raciste. Dire de quelqu’un qu’il est « Indigène », c’est également raciste. On peut habiller la chose comme on veut, on peut la grimer avec l’épais maquillage d’une idéologie prétendument égalitaire, les faits sont têtus : c’est bien de hiérarchie entre les Hommes qu’il s’agit. Si on laisse ce terme prospérer, il sera « labellisé » comme l’a été, avant lui, le concept d’islamophobie. Si nous laissons les mots de la haine s’infiltrer dans les journaux, les livres, les réseaux sociaux, nous offrons au racisme de beaux jours devant lui. 

On n’emploie pas le mot « racisé » quand on prétend lutter contre le racisme. Il y a quelques jours, dans une tribune publiée par Libération, des sociologues nous ont doctement expliqué que la pénalisation du « harcèlement de rue » allait conduire à contrôler et verbaliser majoritairement « des racisés ». Avec toutes les pudeurs d’un langage jargonnant, on trouve dans ce verbiage la justification du racisme. Un instant, enlevons le maquillage. Qu’ont voulu dire les auteurs de ce texte ? Tout simplement qu’il ne faut pas faire du harcèlement de rue contre les femmes un délit car cela conduirait à stigmatiser les Noirs et les Arabes. Eric Zemmour n’a pas dit mieux et l’extrême-droite, qui explique que tous les migrants sont  des violeurs en puissance à la suite de la dramatique nuit de Cologne, n’aurait pas dit mieux non plus.

A force d’intérioriser le racisme et d’essentialiser des groupes sur des bases ethniques ou religieuses, on finit, tel Monsieur Jourdain, a faire du racisme sans le savoir en en reproduisant le vocabulaire et les références. C’est un enjeu essentiel pour notre avenir que de mettre un coup d’arrêt à cette dérive identitaire qui exhume les fantômes du colonialisme et du racisme d’Etat. 

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