Je ne veux pas laisser ce combat à l’extrême droite

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Au moment de prendre ma plume, je tombe par hasard sur l’interview d’Anjem Soudary, juge d’un tribunal de la charia à Londres, publié dans le « Journal du Dimanche » daté du 2 décembre, dans lequel l’intéressé légitime la fatwa lancée contre Malada, cette jeune blogueuse pakistanaise de 15 ans, violemment agressée par les talibans pour avoir « soutenu la démocratie et réclamé une société laïque ».

Ses propos sont sans ambiguïté : « Ben Laden fut un martyr… nous sommes grâce à lui engagés dans un combat idéologique et religieux contre les Occidentaux… Notre but ultime est d’instaurer la charia en Angleterre et partout en Europe. Nous avons déjà des tribunaux qui fonctionnent selon les préceptes de l’islam, des zones géographiques qui relèvent uniquement de la charia. Tout n’est qu’une question de temps et de fidèles. Et nous avons les deux. » Nous aurions tort de ne pas prendre ce personnage au sérieux. Les ennemis de la démocratie et de la laïcité n’ont pas seulement le temps et les fidèles, ils ont aussi l’argent. Nous avons tous en mémoire l’émotion suscitée, il y a peu de temps, par l’information selon laquelle, après le football, le Qatar aurait décidé « d’investir » des millions d’euros pour « venir en aide » à nos banlieues.

Quel retour sur investissement cette monarchie absolue, dont la charia est la source du droit, pouvait-elle bien attendre de pareils « placements » ? Toutes assurances ont paraît-il été données, et l’affaire serait désormais suivie par l’Elysée. Dont acte. Mais ne soyons pas candides. Les prosélytes de la charia ne lâcheront pas « l’affaire » aussi facilement. Ne sont-ils pas parvenus à faire plier la Fifa qui, contre les règles les plus élémentaires de neutralité dans le sport, a fini par autoriser le port du voile pour les femmes dans les compétitions internationales ? Cette reculade n’est pas anodine.

L’histoire nous a enseigné qu’il ne fallait jamais rien céder aux ennemis de la démocratie. Ce n’est pas d’empathie dont a besoin la jeune Malada, c’est de courage. Et le courage, en la circonstance, consiste à dire non, à résister, pas seulement pour nous, mais aussi et surtout pour ces millions de musulmans démocrates qui se battent chaque jour, au péril de leur vie, en Egypte, en Syrie, au Pakistan ou en Iran, pour s’opposer à ces prétendus « fous de Dieu » qui ne conçoivent la femme que sous la noirceur d’un voile, et l’homme sous le joug de la terreur. Nous devons résister pour les millions de musulmans de France que des envoyés d’Anjem Soudary et consorts s’emploient chaque jour à endoctriner par des discours de haine. Les informations de ce même dimanche 2 décembre m’apprennent qu’un petit garçon de 3 ans a été envoyé à l’école, dans une ville du sud de la France, revêtu d’un tee-shirt portant les inscriptions : « Je suis une bombe. Jihad né le 11 septembre 2001. » Au risque de passer pour un rabatjoie, cela ne me fait pas rire. J’ai peur pour ce petit garçon. Et je ne veux pas laisser ce combat à l’extrême droite…

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