14 mai 1987 : le procès se poursuit en l’absence de Klaus Barbie

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14 mai 1987. Le procès se poursuit donc malgré l’absence de l’accusé et c’est bien là l’essentiel. Le début de chaque audience est cependant  désormais retardé par l’obligation de dépêcher un huissier de justice à la prison Saint Joseph pour sommer Klaus Barbie de comparaître, enregistrer sa réponse sur procès-verbal et la rapporter à la Cour pour qu’elle en prenne acte. Ainsi le veut la procédure. Ce « cérémonial » quotidien, devait donner lieu à une singulière compétition entre les huissiers, à qui se rendrait le plus vite à la maison d’arrêt (avec des motards de la police nationale) et en revenir muni du précieux procès-verbal qui permettait la poursuite des débats.

Au « menu » du jour, l’audition de Gustavo Sanchez, ancien ministre de l’intérieur Bolivien, qui s’exprime en espagnol avec l’assistance d’un interprète. Il rappelle la première demande d’extradition faite à la Bolivie en 1972 par le Gouvernement Français, refusée par la justice bolivienne à la botte de la junte militaire. Il évoque également l’organisation fasciste dirigée en Bolivie par Klaus Barbie, dans les rangs de laquelle se trouvent de nombreux trafiquants de drogue. Il a lui-même été témoin, le 4 août 1981, d’opérations militaires dirigées par Klaus Barbie en Bolivie.

Il faudra attendre le renversement de la junte militaire pour qu’un mandat d’arrêt soit lancé en Bolivie contre Klaus Barbie, dans un premier temps pour une dette non payée. Le 4 février 1983, le nouveau Président de la République bolivienne décide de son expulsion. Le dossier d’extradition était prêt mais le nouveau gouvernement démocratique bolivien qui n’avait pas confiance dans sa propre justice, a préféré la voie de l’expulsion.

Après que plusieurs avocats des parties se voient refuser par la Cour la demande de comparution forcée de Klaus Barbie, le Président Cerdini commence l’évocation des faits reprochés à l’accusé, en rappelant la définition et le rôle de chacun des services de la police allemande et notamment du SIPO SD et notamment de la section IV, dirigée à Lyon par  Klaus Barbie. 

Le Président Cerdini présente les différents documents du dossier et notamment le télégramme rendant compte de la rafle de la rue Sainte Catherine ainsi que le télex de la rafle des enfants d’Izieu. 

La présentation de ce document central de l’accusation donne lieu à un incident violent entre Jacques Vergès et Serge Klarsfeld. Alors que le précieux télex dont l’original a été retrouvé par Serge Klarsfeld est sorti de sa protection plastique, celui-ci demande que Jacques Vergès soit prudent dans son maniement. Les premières protestations viennent des rangs mêmes des parties civiles dont certains avocats s’indignent de la remarque de Serge Klarsfeld. En signe de provocation, Vergès montre ses mains à Klarsfeld en lui disant « elles sont propres » ce à quoi il lui est répondu « peut-être pas tant que çà… » L’incident sera clos comme souvent au cours des débats par le Bâtonnier Bigaut du Grandrut. J’ai le souvenir que Serge Klarsfeld s’est admirablement tiré de ce face à face violent et éprouvant. En se rasseyant, alors que j’étais à ses côtés, il eut ce mot qui reste présent dans ma mémoire et qui me fait toujours autant sourire : « si çà continue je vais devenir avocat… »

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