17 octobre, journée mondiale du Refus de la misère

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En ce 17 octobre, journée mondiale du Refus de la Misère, me vient en mémoire cette anecdote.

Ce devait être le 17 octobre 1991 ou 1992, 1993 peut être mais cela n’a pas grande importance. J’étais alors adjoint au Maire de Lyon chargé du Respect des Droits. Ce devait être un lundi car c’était jour de Conseil Municipal. Avec le concours de la Commission extra municipale que j’avais constituée, composée d’associations intervenant dans le domaine des Droits de l’Homme, j’avais voulu organiser une réception dans les grands salons de l’Hotel de Ville pour honorer cette journée décrétée par l’Assemblée Générale des Nations Unies.

La grande pauvreté qui sévit dans le monde et au sein même de notre société est en effet sans doute la première et la plus violente atteinte aux droits fondamentaux de l’Homme. J’avais donc décidé de convier ce jour là les lyonnais dans la Maison Commune pour marquer l intérêt que la municipalité portait à ce sujet. Cette initiative avait évidemment été préparée avec le concours des services de la ville auxquels j’avais demandé la mise à disposition des majestueux salons dans lesquels le Maire de Lyon a coutume de recevoir les grands événements.

Apprenant que j’avais l’intention de convier à cette manifestation les premières personnes concernées, à savoir des SDF, il m’avait été obligeamment conseillé de « délocaliser » mon initiative dans des locaux moins prestigieux, ce que j’ai évidemment refusé. Où est t’il écrit en effet que les grands salons de l’Hotel de Ville seraient réservés aux seuls nantis ? Je ne prétendais pas révolutionner le monde, mais j’étais attaché à montrer, par la force du symbole, que la maison commune des lyonnais etait aussi celle de nos concitoyens frappés par la grande pauvreté. Il n’était donc pas question de les « cacher ».

Quittant donc en ce lundi soir le conseil municipal pour rejoindre la manifestation, je lançais un appel à mes collègues pour les inviter à m’accompagner, afin de montrer urbi et orbi, l’intérêt et la considération que les édiles portaient cette question. J’ai le souvenir qu’une seule élue s’est jointe à moi, Martine Roure, alors membre de « l’opposition » municipale. Celles et ceux qui la connaissent n’en seront pas surpris. Je tiens, bien des années plus tard, à lui rendre hommage. Il est en effet des sujets où il ne peut et doit pas y avoir de majorité et d’opposition mais une détermination unanime.

Arrivant donc dans les grands salons où un buffet avait été dressé comme c’est l’usage, je fus informé que nombre de personnes ne présentant pas le profil et la tenue habituels des réceptions à l’hôtel de ville s’en voyaient refuser l’accès.

Je fus donc contraint d’user de mon autorité d’élu pour débloquer la situation, à la surprise des agents de la police municipale, qui sont ici moins en cause que le conformisme ambiant auquel ils avaient été formatés. J’ai, au cours de ma brève allocution, souhaité la bienvenue à la singulière assemblée ainsi constituée.

C’était la première fois que des « clochards » étaient invités dans ces salons dorés. J’ai également souhaité que la parole leur soit donnée. Je n’ai pas été déçu. Me prenant justement au mot certains d’entre eux n’ont pas manqué, tout me me remerciant, de dénoncer l’opportunisme de ma démarche, sur le mode  » vous nous recevez aujourd’hui, merci, mais demain qui s’intéressera à nous… ? ». Ils avaient raison. Ils ont toujours raison. Hélas…

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